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Muji se veut l'anti-Marks & Spencer

SANS | publié le : 29.01.2002 |

L'enseigne japonaise Muji, jusque-là très discrète, communique sur la fermeture de quatre magasins et la suppression de 55 postes. Elle offre un outplacement individuel à chaque salarié licencié.

Un dossier de presse sobre, intitulé " Muji, la gestion humaine d'un projet difficile", sur un papier recyclé, à l'image des produits simples et sans marque proposés par l'enseigne. En décembre dernier, le distributeur d'origine japonaise, jusque-là resté très discret, décidait de communiquer sur la fermeture de quatre magasins sur dix et de mettre en avant son plan social.

Redonner confiance aux équipes

« Culturellement, Muji est une société qui communique très peu, souligne le DRH, Thomas Le Vigoureux. Mais au mois d'octobre 2001, au moment où nous préparions la restructuration, il y avait une actualité sociale lourde. Et je ne voulais pas que Muji s'inscrive dans le lot des entreprises qui ont profité des événements du 11 septembre pour licencier. Par ailleurs, il s'agissait de redonner confiance aux équipes qui restent, de les rassurer sur l'avenir, en évitant l'amalgame entre ces fermetures et la disparition de l'enseigne. » D'autant plus que la filiale française espère bien, dès 2003, rouvrir de nouveaux points de vente et accroître sa notoriété.

Avec ce plan de communication, confié à l'agence Guillaume Tell, l'entreprise fait également son mea culpa : les ouvertures de magasins qui se sont succédé à un rythme trop rapide depuis l'implantation en France, en 1998, les emplacements parfois mal choisis, le concept trop élitiste, la communication interne pas suffisamment axée sur les objectifs commerciaux...

« Dès le début 2001, nous avons communiqué auprès des équipes sur l'introduction d'une part de rémunération sur objectifs, mais aussi sur le fait que nous étions largement en retard sur ces derniers », explique Thomas Le Vigoureux.

En août dernier, une première implantation, ouverte dix mois plus tôt dans le centre commercial Val d'Europe (à côté de Disneyland Paris), est fermée, et les salariés tous reclassés dans le magasin parisien de leur choix. Puis, mi-septembre, la direction informe le personnel qu'un audit sur les résultats de l'enseigne est en cours et donnera lieu à de nouvelles orientations an- noncées début novembre. « Nous n'avons pas caché nos craintes que cela se traduise par des fermetures », souligne le DRH.

Un plan aux petits oignons

Le 2 novembre, enfin, est convoqué le CE pour l'annonce d'un plan de restructuration : deux magasins à Paris (Auber et le Carrousel du Louvre), un à Lyon et le dernier à Bruxelles doivent fermer, tandis que certaines fonctions du siège sont centralisées à Londres. Cela représente 55 suppressions d'emploi. Le projet est voté à l'unanimité par les représentants (non syndiqués) du personnel le 14 novembre, et le plan social deux semaines plus tard.

« Nous avons négocié un plan vraiment aux petits oignons, se félicite Thierry Rizzo, secrétaire du CE. Nous avons refusé de signer tant qu'il n'allait pas suffisamment loin. Nous avons par exemple obtenu que l'outplacement soit ouvert aux salariés de Bruxelles, qui n'entrent pourtant pas dans le plan social. »

Si les licenciements sont impératifs à Bruxelles et à Lyon (les propositions de mobilité à Paris n'ayant pas séduit) et au siège, dans les magasins parisiens, un appel au volontariat a eu lieu : « Nous avons eu plus de candidatures que de postes supprimés, souligne Thomas Le Vigoureux, si bien que nous avons dû refuser le départ de certains. » Une situation qui n'est pas forcément positive pour le personnel : « Certains ont aujourd'hui un peu l'impression de s'être fait avoir en choisissant de rester », souligne Thierry Rizzo. Des remords accentués par les incertitudes sur le futur de l'enseigne, où aucune mesure de redynamisation de la marque n'a encore été annoncée. « C'est dur pour ceux qui partent mais aussi pour ceux qui restent, qui perdent un peu confiance, reconnaît Thomas Le Vigoureux. Nous allons très vite organiser des formations pour les remotiver. Et nous nous sommes engagés auprès du CE à redistribuer, sous forme de prime, l'argent prévu initialement pour l'outplacement qui ne sera pas utilisé. »

Les mesures du plan social

Le plan social, d'un coût estimé à 600 000 euros, prévoit que les salariés licenciés (essentiellement des vendeurs, 25 ans de moyenne d'âge), outre un préavis payé mais non effectué et une indemnité de licenciement égale à deux mois de salaire pour tous, bénéficient d'un outplacement individuel de trois mois (qui pourra être prolongé à six mois dans certains cas) par le cabinet Garon-Bonvalot.

Cet accompagnement, demandé par 25 personnes, a démarré dès le début de l'année pour les équipes de Lyon et de Bruxelles, bien que les licenciements ne soient effectifs qu'au 31 janvier. Muji a également assuré 11 reclassements internes, et essaie d'obtenir des postes durables chez les enseignes (notamment le groupe PPR - Printemps, Fnac, La Redoute...) qui reprendront les points de vente.

Enfin, une prime de 1 500 euros sera versée à ceux qui retrouveront un emploi stable dans les trois mois.

MUJI

Effectifs : 125 salariés en 2001, 70 en 2002.

Magasins : 10 magasins en 2001, 6 en 2002.

Chiffre d'affaires : 13,7 millions d'euros, en 2001.