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Echec des N V Q, succès de la diversité

SANS | publié le : 29.01.2002 |

L'Angleterre a cherché à construire un système unique de certifications qui s'est soldé par un échec. Trop rigide, il ne s'adaptait pas à l'évolution des métiers. L'Allemagne, de son côté, est parvenue à organiser un dispositif de certifications certes multiples, mais cohérentes.

En Angleterre, au milieu des années 1980, le gouvernement, qui finance une grande partie des formations donnant lieu à la dé- livrance de certificats de branche et de métier dont les contenus se recoupent, a voulu mettre de l'ordre dans le monde de la certification. Pour ce faire, il a créé une instance, le National Council for Vocational Education (NCVQ), dont la mission était de transformer les certifications professionnelles existantes en diplômes NVQ de niveau I à V, à caractère professionnel et technologique, et destinés à coexister avec les diplômes des sections généralistes de l'Education nationale. Les référentiels de construction de ces diplômes devaient être élaborés en partenariat avec les représentants patronaux des branches d'activité.

De nombreux NVQ jamais délivrés

Mais, boudés par les jeunes et rejetés par les entreprises pour leur rigidité et leur incapacité à s'adapter aux évolutions permanentes des métiers, de nombreux NVQ n'ont jamais été délivrés. Il subsiste aujourd'hui un grand nombre de certifications professionnelles créées et administrées par les entreprises, indépendamment de l'Education nationale.

« Les NVQ n'ont réellement trouvé leur place que dans le secteur public, qui ne disposait pas, jusqu'alors, de certifications professionnelles, explique Alison Wolf, chercheur à l'Institute of Education de Londres (1). Dans les domaines de la santé ou de l'eau, par exemple, où l'Etat veut garantir à l'usager un certain degré de qualité, chaque salarié doit obligatoirement être titulaire d'un NVQ de bas niveau. Cela reste néanmoins une réforme ratée. Le système, certes plus réglementé, est toujours aussi compliqué et les NVQ sont devenus une espèce de certification de plus parmi beaucoup d'autres. »

Diversité allemande

A l'inverse de l'exemple britannique, l'Allemagne est parvenue à ordonner la diversité de ses certifications et à éviter les recouvrements, en s'appuyant sur sa loi concernant la formation professionnelle de 1969.

« Elle impose un principe d'économie, en tenant bien compte du fait que l'Etat ne peut réglementer que les certifications hors temps plein scolaire, celles-ci relevant de la souveraineté exclusive des Länder, explique Martine Möbus, chercheur au Céreq (1). Pour éviter le risque de concurrence, chaque certification, de par son contenu et sa voie d'accès, correspond à des objectifs différents et à un usage social distinct.

La certification initiale scolaire, du ressort des Länder, ne couvre qu'un champ très restreint de spécialités, tandis que les brevets d'apprentissage, réglementés par l'Etat, puisque ne relevant pas du temps plein scolaire, couvrent toutes les spécialités. »

La construction de ces brevets repose sur une logique collaborative puisque tous les acteurs concernés y participent : ministères des Länder et fédéraux, partenaires sociaux, entreprises et écoles, chambres consulaires et chambres professionnelles.

Autre caractéristique particulière du système : les brevets d'apprentissage sont directement mis en rapport avec la nomenclature des métiers. Un choix qui a permis de rationaliser le système en réduisant le nombre de brevets passé de 600 en 1969 à 348 aujourd'hui.

(1) Intervenant lors d'un colloque sur la certification professionnelle organisé par le Céreq et l'association Ecrin à Marseille, les 22 et 23 novembre 2001

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