logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Une cellule emploi pour les ex-intérimaires d'Alcatel

SANS | publié le : 22.01.2002 |

A Douvrin (59), Manpower et le Syndicat régional CGT de l'intérim ont créé une cellule de reclassement destinée aux ex-intérimaires du site Alcatel. Ouverte depuis le 17 octobre 2001, elle se poursuivra jusqu'en février prochain.

En octobre dernier, David tombe de haut, comme les 300 autres intérimaires recrutés massivement les six mois précédents, dans le Nord, par Manpower, pour les besoins d'Alcatel. « Avant, j'étais opérateur plasturgiste dans une entreprise de Douai, raconte ce jeune père de 30 ans. Je redoutais d'être licencié, car mon employeur connaissait de graves difficultés. En avril dernier, j'ai entendu qu'Alcatel, à Douvrin, tout près de chez moi, recherchait des opérateurs pour un bon salaire. » David passe alors les tests, qu'il réussit, et démissionne de son ancien poste. « J'avais toutes les garanties possibles. Chez Alcatel, les recruteurs m'ont parlé clairement d'une embauche en CDI, après six mois de CDD. On m'a demandé de m'inscrire chez Manpower. Je devais commencer chez Alcatel le 20 août, mais la date était toujours reculée. » Il n'y travaillera finalement jamais. Et apprend, le 8 octobre dernier, qu'Alcatel se sépare des 300 autres jeunes recrues. De simples "fins de mission". Aujourd'hui, il est toujours à la recherche d'un CDI.

« En avril 2001, Alcatel avait un besoin urgent de 300 opérateurs capables de se spécialiser dans la fibre optique, explique Jean-Marc Vandenbroucke, délégué syndical CGT chez Manpower. L'entreprise n'a pas hésité à faire débaucher par Manpower et l'ANPE des salariés en poste. 50 % des 300 jeunes recrutés étaient auparavant en CDI. » L'entreprise de travail temporaire reconnaît que des jeunes ont démissionné de leur emploi en espérant être embauchés par Alcatel, qui utilise l'intérim comme période d'essai. Elle dément toutefois les avoir incités à le faire. « Alcatel a ensuite connu une grosse baisse d'activité, explique Isabelle Andrieu, responsable de la gestion des ressources intérimaires pour le Nord-Pas-de-Calais chez Manpower. La direction a alors décidé de ne plus recourir à l'intérim au terme des contrats. »

Lors de l'annonce des premiers "licenciements", la CGT décide de s'emparer de l'affaire. « Nous nous sommes procuré la liste des 300 intérimaires licenciés, et avons envoyé un courrier à tous », raconte André Loyez, également délégué syndical CGT chez Manpower. S'ensuivent des négociations très mouvementées avec les directions nationale et régionale de Manpower. Elles aboutissent, le 17 octobre, à un accord mettant en place une cellule de reclassement.

Améliorer l'employabilité

Composée de deux à trois permanents de Manpower et des deux délégués CGT, la cellule bénéficie de locaux au sein d'une maison des associations intercommunale. « Nous avons sollicité le concours de l'ANPE, de l'Assedic, ainsi que la présence d'une assistante sociale et d'une psychologue, précise Jean-Marc Vandenbroucke. Seule l'Assedic a répondu à notre demande en traitant en priorité les dossiers Manpower-Alcatel. » Toutes les offres de mission à l'échelle régionale, susceptibles d'intéresser les ex-Alcatel, sont centralisées par Manpower.

Quant aux délégués, ils veillent sur la situation de chaque intérimaire, les conseillent dans leurs démarches auprès de Manpower, des pouvoirs publics, des Assedic ou des prud'hommes (une soixantaine de dossiers déposés, notamment en vue de la requalification de contrats). Cette cellule devrait poursuivre son travail jusqu'au mois de février. Manpower s'est par ailleurs engagé à verser à chacun des 300 intérimaires une indemnité spéciale de 686 euros, afin de « faire le raccord » entre le départ de chez Alcatel et les premières indemnités chômage. Et a dégagé une somme de plus de 150 000 euros, destinée à une série de formations pour améliorer l'employabilité de ces intérimaires. Un budget qui serait largement dépassé.

Pour la CGT, la mobilisation qui a mené à la création de cette cellule est inédite dans le monde de l'intérim. « On a vu les intérimaires se regrouper, alors qu'il s'agissait jusqu'à présent d'une population jeune, peu syndiquée, très indépendante et peu solidaire, se félicite André Loyez. Manpower a réagi très vite pour trouver un accord à l'amiable, de peur que ça ne fasse tache d'huile. »

Un outil qui se développe

Pour la direction régionale de Manpower, la cellule de reclassement mise en place pour les ex-intérimaires d'Alcatel n'est pas une première. «Celle-ci a fait parler d'elle en raison du contexte conflictuel qui a précédé sa création.

Mais l'an dernier, nous avions déjà créé des cellules de reclassement pour MCA à Maubeuge, et chez Renault à Douai, précise Isabelle Andrieu, responsable de la gestion des ressources intérimaires pour le Nord-Pas-de-Calais. Nous l'avions alors fait spontanément, car nous souhaitions conserver de bonnes relations avec nos intérimaires. Nous serons de plus en plus amenés à agir de cette manière, quand un nombre important d'intérimaires se retrouve brutalement sans solution. »

REPERES

300 intérimaires recrutés pour Alcatel.

150 ont opté pour la cellule emploi.

75 %

de retours à l'emploi à la mi-janvier, d'après Manpower.