Pour tout leader, conduire le changement n'est plus une option, c'est un impératif. En retrait de l'éventail classique des méthodes disponibles se cache l'intuition, comme dissimulée dans l'ombre pour se faire plus discrète. Et pourtant, les grands praticiens du changement le savent, c'est leur meilleur allié. Toute transformation d'entreprise est à la fois organique et émotionnelle. Organique parce qu'elle répond davantage aux lois des organismes vivants qu'au déterminisme de la raison. Émotionnelle, parce que l'on perturbe des habitudes de travail, des croyances et donc des attachements. Un changement a beau être souhaitable et logique, il met toujours en mouvement des émotions. Face à cela, le registre des méthodes est bien pauvre. Il a besoin d'ouverture, d'élargissement, de nuance.

Comment savoir où en sont les personnes ? Quand faut-il insister et quand lâcher du lest ? Comment capter la vraie réalité, au-delà des chiffres et des apparences ? Comment percevoir le futur et sentir de quoi sont capables les personnes ? Comment garder une vision systémique ? Comment anticiper les problèmes, les heurts ou les résistances ? Autant de questions essentielles pour bien mener le changement. Et toutes reposent sur l'intuition. Comme l'animal a de l'instinct, l'homme a de l'intuition. Sommes-nous prêts à la développer ? Ou préfère-t-on dire parfois, avec regret : « Finalement, j'aurais dû écouter mon intuition. » Pour ceux qui veulent remettre leurs capacités intuitives en mouvement, voici quelques pistes.

Elle n'est pas pressée. Les insight fulgurants sont rares. En revanche, beaucoup plus fréquentes sont les impressions vagues, les sentiments encore imprécis à propos d'un projet ou d'une situation. A nous de savoir prendre notre temps : identifier cette impression, écouter ce qu'elle nous murmure, puis ne plus y penser. La laisser mûrir. Une véritable intuition ne disparaît pas. Elle revient nous parler. Lorsqu'elle se manifeste pour la troisième fois, on peut alors écrire les idées qu'elle nous suggère.

Ce ne sont que des bribes, pas encore de vraies pensées. Les noter tout de même, comme des morceaux d'une toile impressionniste dont on ne verrait pas encore le motif.

on va capter d'autres éléments du tableau. Et l'image s'enrichit, se complète. On continue à noter puis on laisse décanter. Un peu plus tard, on relit ses notes. Si l'ensemble nous paraît stupide et sans valeur, c'était sans doute une fausse piste. Mais, en revanche, si l'image impressionniste se révèle plus clairement, et qu'elle a vraiment du sens, alors une forme de certitude s'installe en soi. On sait que l'on voit juste et l'on comprend davantage la situation en profondeur. Il est de ce fait plus facile de décider ou d'agir. Tentant, n'est-ce pas ? C'est pour cette raison que le leader de demain sera intuitif.