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Comment passer de la QVT au travail de qualité

Le point sur | publié le : 08.05.2023 | Lys Zohin, Natasha Laporte

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Conditions de travail : Comment passer de la QVT au travail de qualité

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À l’heure des transformations organisationnelles, de même que des obligations réglementaires renforcées en matière de prévention de la santé, les DRH doivent s’adapter. La qualité de vie au travail, notamment, est censée s’être muée en qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Le tout pour une meilleure performance et réalisation personnelle. Reste que trop souvent, les salariés, au lieu de pouvoir faire du bon travail, se retrouvent dans une situation où celui-ci est « empêché ».

Des habitudes de travail aux mutations organisationnelles : c’est une nouvelle réalité engendrée par la crise Covid qui transforme le monde du travail et pose désormais de nouveaux défis dans les entreprises. Et celle-ci n’est pas sans impacts négatifs. Effets de la pandémie sur la santé mentale des travailleurs, attestés par des études telles celles de Santé publique France, ou encore la progression de l’absentéisme (5,64 % l’an dernier selon une récente enquête de l’Ifop) en font partie. Des évolutions également sur le plan législatif, avec notamment la loi Santé au travail, en vigueur depuis un peu plus d’un an, qui impose davantage de prévention aux organisations et dont l’un des volets porte sur la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), notion qui revoit celle de la qualité de vie au travail (QVT) depuis l’accord national interprofessionnel de 2020 (lire encadré). Sans oublier la quête de sens, de même que les bonnes conditions de travail comme facteur d’attractivité pour recruter et fidéliser les compétences, en particulier dans des secteurs en pénurie de main-d’œuvre.

Autant de tendances auxquelles les directions des ressources humaines se voient désormais confrontées et qui nécessitent des adaptations allant bien au-delà des solutions cosmétiques. D’autant que la notion de qualité de vie au travail visait, en réalité, à sa naissance… la qualité même du travail (lire l’interview). À la clé, non seulement la fierté du travail bien fait pour les collaborateurs mais en plus, une meilleure performance de leur part au bénéfice de l’entreprise. Or trop souvent, le travail de qualité est « empêché », et la frustration s’installe. Des pistes pour organiser une structure de manière à ce que le travail soit efficace, de qualité et satisfaisant pour tous, toutefois, existent. Expérimentées par les chercheurs spécialistes de la psychologie du travail, elles montrent l’importance du dialogue comme fédérateur autour du travail bien fait. Décryptage.

La France, mauvais élève

C’est un triste record : en 2020, l’Hexagone détenait le taux d’accidents du travail non mortels le plus élevé d’Europe rapporté au nombre d’habitants (près de 3 000 sur 100 000 salariés), d’après l’office des statistiques européen Eurostat, suivi du Danemark et du Portugal. La France est également le pays où il y a le plus d’accidents de travail par travailleur. L’agriculture, le bâtiment et la logistique sont particulièrement touchés.

Plus largement, la France est également mal classée dans les comparaisons internationales en matière de conditions de travail. Ainsi, d’après le rapport « Les conditions de travail dans une perspective mondiale » (« Working Conditions in a Global Perspective »), réalisé conjointement par l’Organisation internationale du travail (OIT) et Eurofound, et publié en 2019, l’Hexagone figure en bas du tableau (25e, dans l’UE des 28) en matière d’exposition aux risques liés à la posture, biologiques ou encore ambiants.

La qualité du travail en chiffres

• 54 % des actifs occupés estiment ne pas pouvoir faire du bon travail et devoir sacrifier la qualité.

• Près d’un salarié sur quatre n’éprouve jamais ni parfois la satisfaction du travail bien fait.

• Un salarié sur deux déclare devoir toujours ou souvent faire des choses qu’il désapprouve.

• 24 % des salariés estiment que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Source : Conditions de travail et risques psychosociaux, Dares, 2016.

Les mots pour le dire

Qualité de vie au travail (QVT) : sentiment de bien-être au travail, perçu collectivement et individuellement, qui englobe l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, le droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué, d’après l’accord national interprofessionnel de juin 2013.

Qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) : notion promue dans l’accord national interprofessionnel de décembre 2020, qui revoit la QVT. Elle porte sur l’articulation des sphères de vie, les conditions d’exercice du travail, l’utilité et le sens du travail, la conduite du changement, la mobilisation de modalités d’organisation du travail, ou encore sur l’expression des salariés et leur participation.

« Qualité empêchée » : les situations où l’état des équipements dont disposent les travailleurs ne permet pas un travail bien fait.

Conditions de travail : aspects matériels (moyens de travail, contraintes physiques, conditions sanitaires, etc.), organisationnels (organisation du temps de travail, rythme de travail, autonomie, marge de manœuvre, etc.) et psychosociaux (satisfaction et difficultés au travail, relations avec la hiérarchie, les collègues et les clients, conflits de valeur, etc.).

Auteur

  • Lys Zohin, Natasha Laporte