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« Les DRH veulent des programmes d’action pour réduire les risques »

Tendances | publié le : 05.12.2022 | Gilmar Sequeira Martins

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Entretien : « Les DRH veulent des programmes d’action pour réduire les risques »

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Selon Laurent Borella, directeur santé chez Malakoff Humanis, la prévention est encore considérée comme une dimension marginale. Or il faut l’élargir au-delà du seul champ sanitaire, pour qu’elle englobe les lieux de vie.

Quelle est l’efficacité actuelle de la prévention ?

Le système de santé est à la croisée des chemins… Il est à cet égard important de noter que le ministre de la Santé accepte enfin d’échanger avec les assureurs complémentaires, notamment sur leur rôle en matière de prévention. Notre constat est le suivant : la prévention continue à être considérée comme une dimension marginale du système sanitaire. Nous considérons qu’il faut l’élargir bien au-delà du seul champ sanitaire. Elle doit englober le lieu de travail et les lieux de vie. La prévention doit entrer dans la vie quotidienne et cesser d’être le parent pauvre du système sanitaire français.

Que préconisez-vous ?

Beaucoup d’actions de prévention peuvent être menées. Les DRH sont demandeurs de programmes d’action pour réduire les risques professionnels mais aussi d’autres risques. Aujourd’hui, la France manque de médecins du travail et les entreprises doivent lutter contre l’absentéisme. Pour être plus efficace et parce qu’il existe des déterminants individuels, il faut aller vers une prévention personnalisée beaucoup plus forte. Il faut aussi passer d’une logique moraliste à une logique de responsabilisation et de compréhension de la situation personnelle de chaque salarié par rapport au risque. Les assureurs complémentaires comme Malakoff Humanis déploient des programmes innovants. Nous avons ainsi récemment lancé Mon Bilan Cardio, un dispositif de prévention des risques cardiovasculaires destiné aux salariés des entreprises avec lesquelles nous travaillons. Plus généralement, il faut passer d’un système de prévention primitif à une ambition partagée par les acteurs en présence : les employeurs, les médecins du travail et les assureurs. Et passer d’un système gérant les risques professionnels à un système gérant le risque tout court.

Quelles formes concrètes pourraient prendre ces nouvelles perspectives ?

Quand le salarié connaît les risques auxquels il est exposé, il est plus motivé pour agir, sur sa nutrition par exemple. L’enjeu est de motiver les salariés afin qu’ils s’intéressent à leur santé. Dans le monde anglo-saxon, il existe une médecine basée sur la communauté. Pourquoi ne pas s’en inspirer dans les entreprises en France ? Le DRH pourrait communiquer sur ce thème avec les salariés. L’entreprise peut devenir un canal de mise en relation avec les salariés pour renforcer les actions de prévention. Ceci est d’autant plus important que la durée de vie professionnelle s’allonge. Un programme de prévention bien construit pourrait aider les salariés à mieux connaître leur situation de santé et les orienter vers un médecin si un risque élevé est détecté. Dans le cas des salariés malades, il est souhaitable que soit établi un contact entre le patient et une équipe pluridisciplinaire, intégrant notamment un accompagnement psychologique destiné à redonner confiance au malade, afin que l’arrêt de travail soit le plus court possible. Il a été constaté, chez les femmes atteintes d’un cancer du sein, que si la durée de l’arrêt de travail dépasse trois mois, cela augmente fortement le risque de renouvellement de l’arrêt. Il faut aussi envisager un aménagement de l’activité du salarié en favorisant les temps partiels et en faisant intervenir des ergonomes pour adapter les postes de travail. Dans cette optique, nous soutenons l’association Cancer@Work qui accompagne les entreprises confrontées à l’enjeu du retour à l’emploi des salariés atteints d’un cancer.

Avez-vous déjà des retours de terrain ?

Nos programmes de sensibilisation et de prévention déployés dans de grandes entreprises ont démontré leur capacité à réduire significativement le taux d’absentéisme. L’effet est mesuré et réel. Ces programmes sont d’autant plus efficaces qu’ils prennent en compte les spécificités de l’activité dans les branches. Nous assurons ainsi des entreprises de la branche hôtels, cafés, restaurants, dont les salariés travaillent en horaires décalés, potentiellement à l’extérieur… Ce type d’actions permettra de réduire les coûts induits par des pathologies plus lourdes qui surviennent plus tard dans la vie des salariés. Ce sont les partenaires sociaux des entreprises qui choisissent nos programmes. Enfin, nous avons mené une étude auprès de nos assurés : ils sont demandeurs de bilans de santé, bien entendu sous condition que ces informations restent confidentielles.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins