logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Gestion de carrière : L’armée organise la reconversion des militaires avec Manpower

Sur le terrain | publié le : 05.12.2022 | Lucie Tanneau

Manpower France a signé en octobre avec Défense Mobilité, l’agence de reconversion du ministère des Armées, un 3e accord de coopération.

Franck Serron a travaillé 25 ans dans l’armée de terre. Début 2022, à 47 ans, il s’interroge sur sa carrière. Continuer dans l’armée ou partir dans le civil ? « Je ne savais pas quoi faire, j’étais perdu, j’avais des idées pour la suite, même trop… », raconte-t-il. Il se tourne vers Défense mobilité, l’agence de reconversion des militaires, pour faire le point. « Quand on est militaire, le mieux est de partir à 40 ans, ça facilite l’intégration à la vie civile, mais j’adorais mon métier et je me voyais dans l’armée jusqu’à la fin, jusqu’à 58 ans », poursuit-il. Voir passer les jeunes devant lui en sport l’amène cependant à se poser de nouvelles questions, d’autant qu’en vieillissant, « on fait de plus en plus d’administratif », soupire-t-il. Sport, mécanique, accompagnement de jeunes : plusieurs secteurs l’attirent. Mais comment choisir et comment gérer ses craintes concernant les horaires, sans parler des relations avec des collègues civils ?

Défense mobilité lui propose donc un bilan de compétences et l’inscrit à un atelier CV avec Manpower à Vars, où il vit (Isère). En effet, depuis 2011, Défense mobilité et Manpower France coopèrent pour le reclassement des militaires. Le 19 octobre dernier, le 3e accord de coopération a été signé, avec trois objectifs : faciliter l’accès des militaires à une seconde carrière, offrir de nouvelles opportunités d’emploi à leurs conjoints et enrichir les viviers de recrutement de Manpower. « Garantir une reconversion professionnelle de qualité à l’issue de l’engagement et accompagner la mobilité professionnelle des conjoints sont des enjeux majeurs. Ce partenariat nous permet d’identifier une palette d’opportunités d’emploi répondant aux spécificités de nos ayants droit », explique Bénédicte Le Deley, la directrice de Défense mobilité.

Le partenariat, établi à l’échelon national pour une durée de trois ans, comprend le renforcement des déclinaisons opérationnelles au niveau régional. Pour Amélie Dupuy, responsable du département marketing et talents au sein de Manpower France, l’ambition de ce 3e accord est « d’unifier les pratiques entre les territoires ». Plusieurs actions sont proposées. « La première chose est de nous faire connaître auprès des conseillers Défense mobilité pour les appuyer », précise-t-elle. Ensemble, les deux entités peuvent ensuite mener des actions conjointes – ateliers CV, présentation de postes vacants ou d’entreprises en recrutement. « Les personnes sortent de l’armée avec énormément de certifications techniques, nous sommes là pour les aider à les transposer dans d’autres secteurs. Pour ceux qui en ont moins, nous pouvons proposer des parcours de formation », poursuit Amélie Dupuy.

Un poste de manager

Grâce à l’atelier CV, Franck Serron a réalisé qu’il savait faire « énormément de choses, dit-il. Des choses qui, dans le cadre de l’armée, me paraissaient normales : de la logistique, du commandement… Je ne savais pas me vendre et les conseillers m’ont vraiment aidé à transformer tout cela en compétences à inscrire sur un CV, à faire ressortir les points forts que les employeurs recherchent dans le civil ». Oubliée, l’idée de postuler à un petit boulot pour compléter sa pension de militaire… La conseillère de Manpower qui le suit lui propose un job dating chez STMicroelectronics. « J’ai passé trois entretiens le mercredi matin et le vendredi, j’ai été rappelé pour un nouvel entretien le lundi », détaille Franck Serron. Les responsables RH du groupe lui offrent alors un poste de manager. « Je n’en revenais pas », raconte l’ancien militaire. Depuis six mois, il gère une équipe de 20 personnes… « Je dois m’adapter au management civil, qui est un peu différent, mais les employeurs recherchent notre savoir-faire et notre savoir-être militaires : les horaires, la rigueur, l’esprit d’équipe… », poursuit-il, ravi de cette deuxième carrière qui commence. Il est toujours suivi par les conseillers de Manpower et Défense mobilité. « Beaucoup d’anciens militaires ont du mal à faire le deuil de leur carrière. Mon épouse, ancienne militaire et désormais fonctionnaire, a connu un vrai manque d’accompagnement, dit-il. Sans accompagnement, j’aurais encore le treillis… et je l’aurais peut-être regretté dans quelques années : une reconversion après 50 ans aurait été beaucoup plus difficile », avance-t-il. Défense mobilité accompagne 20 000 personnes chaque année et Manpower France a effectué quelque 1 238 reclassements grâce au partenariat.

Auteur

  • Lucie Tanneau