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Sur le terrain

Temps de travail : Elmy organise la semaine de quatre jours

Sur le terrain | publié le : 03.10.2022 | Lucie Tanneau

L’énergéticien français n’a rien laissé au hasard pour tester son nouveau fonctionnement. Il propose à ses 100 salariés une formation sur la gestion du temps, pour s’assurer que leur performance reste intacte.

Besoin d’attirer des talents et de fidéliser les salariés expérimentés : pour répondre à ces enjeux, Elmy a décidé d’adopter la semaine de quatre jours depuis le 1er septembre. « Le bien-être des salariés a toujours été notre préoccupation majeure, relève Camille Darde, la DRH. Nous avons 95 % de cadres, qui sont déjà autonomes et responsables de leur temps de travail. » De fait, l’énergéticien 100 % vert, basé à Lyon, fonctionne sur le principe de l’holacratie depuis 2021. Le passage à la semaine de quatre jours s’inscrit donc dans la continuité de cette philosophie. Les salaires restent les mêmes, le temps de travail est, lui, revu à la baisse : à 35 heures sur quatre jours pour ceux qui étaient auparavant à 39 heures (les cadres), et à 32 heures pour ceux qui étaient à 35 heures (les non-cadres). « Nous avons la chance d’avoir des salariés engagés car nous travaillons dans une entreprise porteuse de sens. Nous pensons qu’avec ces collaborateurs engagés, la réduction du temps de travail n’aura pas forcément un impact négatif sur la performance de l’entreprise, et au contraire, peut-être même un impact positif ! », poursuit-elle. Les retours d’expérience de sociétés déjà adeptes de la semaine de quatre jours tendent en effet vers une hausse de la productivité.

Quelques craintes

Si l’idée est venue directement de Camille Darde, à la suite du constat, particulièrement en région parisienne, d’un déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle chez les collaborateurs, la DRH souligne qu’elle n’a pas eu à convaincre le PDG, déjà partant pour l’expérience. L’annonce officielle de la nouvelle organisation a été faite lors de la convention annuelle, en avril dernier. « Nous avons tout de suite constaté un grand enthousiaste », raconte la DRH. Mais aussi entrevu quelques peurs… « Si tout le monde est intéressé, poursuit-elle, des questions affleurent sur les objectifs personnels, la compétitivité de l’entreprise, la performance… » Et 10 % des salariés ont exprimé ces craintes lors d’une enquête réalisée pendant l’été, en amont de l’expérimentation. « Nous avons donc décidé de commencer par une phase de test, de six mois », indique la DRH. Des indicateurs et des outils de mesure ont été mis en place pour établir un bilan chiffré à l’issue de la période de test, le 1er mars prochain. « Nous devons voir ce que ce changement produit, ajoute-t-elle, mais je suis convaincue que c’est faisable. » Une enveloppe budgétaire a même été prévue dans le cas où des recrutements s’imposeraient, l’entreprise comptant actuellement 100 salariés. Si le bilan est concluant, l’accord d’entreprise devrait ensuite être signé en avril 2023.

Hyper motivés

Depuis le début du mois de septembre, Camille Darde rencontre des salariés « qui parlent de leur jour off et sont hyper motivés : ils ont clairement envie que le test donne satisfaction », se réjouit-elle. Le jour chômé est fixe, au choix du salarié, le mercredi ou le vendredi. « Dans certaines équipes, nous avons dû procéder à des tirages au sort, pour assurer la continuité de service », précise-t-elle. Reste que dans cette phase de transition, « certains salariés travaillent encore pendant leur jour off », reconnaît la directrice des ressources humaines. D’ailleurs, Elmy va proposer à tous ses salariés une formation sur la gestion du temps, créée spécialement pour le passage à la semaine de quatre jours avec un organisme extérieur. Soit deux fois deux journées à une semaine d’intervalle pour permettre à chacun de trouver son rythme en évitant le stress que génère toute nouvelle organisation.

Émilie Riou, brand manager au sein de l’équipe marketing, a vécu le passage à quatre jours comme « une bonne surprise », dit-elle, même si elle avoue s’être d’abord posée des questions. « J’avais surtout des appréhensions sur la gestion vie privée/vie professionnelle : j’ai un enfant et il m’arrivait de gérer des tâches du quotidien familial au travail. Désormais, sur quatre jours, il faut optimiser son temps. Je commence à m’y faire et à m’organiser différemment. Le vendredi, je fais les courses et le rangement, et je prends aussi du temps pour moi », raconte la salariée, qui poursuit : « J’ai repris le yoga et je vais peut-être commencer de la musique. En outre, je récupère aussi ma fille pour déjeuner le vendredi midi, et le soir, je vais la chercher avant l’étude : c’est vraiment du temps qualitatif, et cela nous laisse aussi le week-end en famille, sans tâches du quotidien », ajoute-t-elle.

Auteur

  • Lucie Tanneau