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Les clés

Numérisation : comment prévenir les risques psychosociaux ?

Les clés | À lire | publié le : 24.01.2022 | Lydie Colders

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Numérisation : comment prévenir les risques psychosociaux ?

Crédit photo Lydie Colders

Entre enjeux juridiques et prévention en entreprise, cet ouvrage d’enseignants questionne les risques de « la numérisation au travail » sur la santé des salariés. Un éclairage intéressant.

En matière de santé, le droit du travail est-il adapté pour protéger les salariés face à la transformation ultrarapide du numérique ? Quid des risques psychosociaux liés aux technologies et aux algorithmes ? Sont-ils suffisamment encadrés et pensés par les entreprises ? Instructif, ce livre d’enseignants en droit social et en santé invite à prendre ce sujet à bras-le-corps face à la numérisation croissante du travail, dopée par la pandémie ou l’émergence de l’industrie 4.0. Pour le moment, le débat se concentre, à raison, sur l’augmentation des burn-out liés au télétravail. La surcharge cognitive et l’intensification du travail deviennent un réel problème, soulignent-ils. Les auteurs sont notamment critiques envers le droit à la déconnexion, largement « insuffisant », selon eux. À lire : l’avis de Nathalie Guillemy, directrice de l’INRS de Paris, qui souligne que ce respect d’un temps de repos ne règle en rien le stress ultérieur du rattrapage des mails…

L’individu « sursollicité »

Selon elle, mieux vaudrait « remplacer le contrôle du temps de travail » – inopérant, « par une appréciation de la charge de travail », notion juridique reconnue dans les forfaits cadres. Ainsi, « l’entreprise pourrait ouvrir un vrai dialogue quant à l’impact des outils numériques sur l’activité des salariés, en termes de surcharge informationnelle ou de marge de manœuvre ». Un cadre utile pour appréhender les risques psychosociaux et les « mesures permettant aux outils d’être au service des salariés – et non l’inverse », comme le prévoit le Code du travail… Pour les enseignants, les entreprises auraient donc intérêt à questionner les risques d’un travail guidé par des algorithmes « qui dégradent l’autonomie » et augmentent la surveillance. Du moins si l’employeur veut conserver ses salariés et éviter trop d’absentéisme. Le numérique « surexpose trop le salarié », juge l’enseignante en droit social Nicole Maggi-Germain. Dans sa contribution, elle alerte sur les dérives du contrôle « de la prédiction algorithmique » utilisé par de grands groupes en matière d’évaluation. Ou sur « l’engagement total de la personne », citant des plateformes d’apprentissage intelligentes, « où le salarié peut indiquer ses préférences ». Gare à cette sursollicitation, comme au stress de l’apprentissage permanent lié au digital. En matière de droit, le dialogue social sur l’impact des technologies est peu efficient, notent les enseignants. Mais pour eux, rien n’empêche les entreprises d’expérimenter « des règles d’organisation » pour en limiter les dégâts sur la santé psychique. Une question de volonté…

Auteur

  • Lydie Colders