Intégrer le « top 10 mondial » et doubler son chiffre d’affaires d’ici à 2026 : le groupe Egis, entreprise d’ingénierie présente dans les secteurs de l’aménagement, des infrastructures de transport, d’eau, de l’environnement, etc., s’est récemment doté d’une stratégie de croissance ambitieuse, axée largement sur le déploiement à l’international. Un objectif qui passe, entre autres, par le développement des mobilités au sein de cette filiale de la Caisse des dépôts, laquelle vient de céder une partie du capital au fonds Tikehau. « La mobilité faisait déjà partie de notre ADN, puisque notre métier est de conduire des projets à forte expertise partout dans le monde, au plus près des clients. Mais depuis environ un an, nous avons souhaité accélérer sur ce thème pour soutenir notre stratégie de croissance », déclare Laurent Fabres, directeur des opérations RH du groupe Egis.

Plusieurs raisons à cela. « Lorsqu’elle se produit, la mobilité interne amène les collaborateurs à avoir une vision transversale des sujets. Autrement dit, il y a une idée de « fertilisation croisée » entre disciplines, par l’expérience de solutions qui ont déjà fonctionné dans un contexte donné », analyse-t-il. Ce qui vient s’ajouter à d’autres vertus. « La mobilité interne est souvent un accélérateur de carrières qui permet aux collaborateurs d’acquérir de nouvelles compétences, de renforcer un sentiment d’appartenance et d’expérimenter un changement de manière sécurisée », estime le directeur des opérations RH.

Autant de raisons qui ont motivé la mise en place, il y a environ un an, d’un dispositif innovant, en mode numérique, en faveur de la mobilité interne au sein d’Egis. Un programme en plusieurs étapes que l’entreprise, qui compte plusieurs entités dans le monde, notamment en Inde, au Brésil, au Moyen-Orient et en Asie, a organisé sur trois mois. Il débute par la présentation des différents types de mobilités potentielles au sein du groupe – à l’intérieur d’un pays ou entre pays, d’une même ou entre entités juridiques, changement de métier ou mobilité verticale. Une deuxième phase propose la diffusion de témoignages des collaborateurs d’Egis, tournés aux quatre coins du monde pour communiquer sur les bienfaits de la mobilité, le tout accompagné d’une série de webinaires explorant différentes thématiques comme « les règles d’or d’une mobilité réussie », « identifier et développer ses compétences transposables » et « comment adapter son CV à son projet de mobilité interne ».

Enfin, une troisième étape, clef de voûte du dispositif : un forum virtuel, organisé via une solution fournie par la start-up Seekube, une filiale du groupe HelloWork. Au cœur de cet événement digital international : trois jours de rencontres entre une trentaine de responsables des ressources humaines du groupe à travers le monde et des collaborateurs, qu’ils soient intéressés par des annonces publiées ou simplement en quête d’opportunités, la plateforme numérique leur permettant de se connecter aux agendas des recruteurs et de réserver des créneaux pour échanger. Résultat ? « Près de 200 collaborateurs ont été rencontrés en entretien. Sur la totalité du dispositif, plus de 2 000 salariés, sur les quelque 16 000 que compte le groupe, y ont pris part », précise Laurent Fabres. Surtout, depuis cet événement, « nous notons une accélération du volume de candidatures internes. Avant le dispositif, ils étaient 6 % à postuler sur une année à des annonces. Aujourd’hui, la tendance est à environ 10 %. Et dans le mois qui avait suivi l’événement, nous avons vu le nombre de candidatures doubler », affirme-t-il. Un impact qui s’explique notamment par le fait que le forum a en quelque sorte « décomplexé » les collaborateurs pour explorer des pistes de mobilité.

La suite ? « Les managers de proximité continuent d’accompagner les collaborateurs dans leur projet », indique Laurent Fabres. Par ailleurs, les responsables RH se réunissent régulièrement pour échanger sur les postes ouverts et sur les besoins prioritaires en recrutement. Egis ne s’interdit d’ailleurs pas de réitérer l’expérience du forum avec une approche par région ou par pays. « Nous pensons relancer une sensibilisation aux thématiques qui ont été particulièrement appréciées par l’intermédiaire des webinaires », indique-t-il. Et ce, dès le début de cette nouvelle année.