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Le pont sur

Un travail de haute couture pour préserver la biodiversité chez LVMH

Le pont sur | publié le : 08.11.2021 | N. L.

Le géant du luxe, dont de nombreuses activités dépendent du vivant, ambitionne de neutraliser son impact, notamment en réhabilitant 5 millions d’hectares d’habitat de la flore et de la faune à l’horizon 2030. Pour ce faire, le groupe planche sur l’agriculture régénératrice et la reforestation.

« Il n’y a pas de champagne sans raisin, pas de parfum sans fleurs, ni de robes sans de la soie ou du coton ! », lance Hélène Valade, directrice développement environnement du groupe LVMH. De quoi résumer les enjeux liés à la biodiversité pour le numéro un mondial du luxe. « Derrière tous nos produits, il y a de la biodiversité. Par conséquent, notre responsabilité est d’en prendre soin, autrement dit, de rendre à la nature ce que nous lui empruntons. La biodiversité est probablement l’enjeu environnemental le plus important pour nous », déclare-t-elle.

LVMH a mis sur pied une stratégie environnementale, LIFE 360, dont la préservation de la biodiversité est l’un des axes majeurs. Premier jalon : l’évaluation de l’impact des activités du groupe sur le vivant. Une tâche complexe, puisqu’à la différence du climat, où l’empreinte se mesure en tonne équivalent de carbone, celle sur la biodiversité inclut un éventail d’indicateurs. Le groupe s’est donc allié au cabinet Quantis pour analyser les cycles de vie tout en calculant son impact à l’aide du Global Biodiversity Score, un outil développé par CDC Biodiversité, une filiale de la Caisse des dépôts. « Cette étape permettra de mettre ensuite l’accent sur certaines matières, mais plus encore sur certains endroits dans le monde. En effet, les enjeux de la biodiversité en France ne sont pas les mêmes qu’en Australie », indique Hélène Valade.

De monoculture à multiculture

Viendront ensuite les actions. LVMH mise en particulier sur l’agriculture régénératrice – un concept qui s’inspire entre autres de la permaculture – pour régénérer les sols dégradés et restaurer la biodiversité. « Nous avons lancé, avec Stella McCartney, des expérimentations en Turquie pour le coton. En partenariat avec des formateurs et des experts tels que des biologistes, nous y aidons les agriculteurs à adopter des pratiques qui permettent de régénérer », poursuit la directrice développement environnement.

Même démarche pour la laine en Australie et le secteur des vins, où la plantation d’autres espèces végétales dans les vignobles, comme des arbres fruitiers ou des haies, améliore la qualité des sols tout comme leur capacité de stockage du carbone. En somme, « notre but est de passer à une multiculture qui permet de régénérer les sols et la biodiversité, et de contribuer à des couloirs écologiques pour faire revenir des espèces animales et végétales », conclut-elle.

Autre levier, la reforestation, que le groupe soutient en particulier par le biais d’un partenariat avec l’association Reforest Action et l’Unesco, notamment en Amazonie. De même, LVMH s’engage à ne pas sourcer des produits dans des zones à risque de déforestation ou à fort stress hydrique.

Reste que le géant français du luxe travaille avec des dizaines de milliers de sous-traitants dans le monde. Et là, « c’est un travail de fourmi qui s’impose, déclare Hélène Valade. Nous demandons à nos sous-traitants de respecter des standards, à l’instar de la certification GOTS pour le coton, et nous en faisons la surveillance via des campagnes d’audits. » Le groupe table donc sur des normes et des labels, mais également sur des partenariats directs avec des éleveurs ou des agriculteurs à travers des cahiers des charges incluant par exemple les pratiques de rotation. « Ce n’est pas le cas partout, admet-elle, mais ce sont des actions que nous commençons à conduire avec nos grands fournisseurs. »

Innovations

Enfin, la réponse passe aussi par la collaboration avec son écosystème, dont des start-up, pour mettre au point des matières alternatives au cuir, par exemple, comme la mexicaine Desserto, qui veut le fabriquer à partir du cactus, ou des biotechs qui cherchent à le produire à partir de bactéries. Sans oublier le rôle que pourrait jouer sur la préservation de la biodiversité le consortium lancé avec d’autres multinationales, centré sur l’affichage environnemental des cosmétiques. Autant de paris qui présentent de nombreux défis. Et la bataille ne fait que commencer…

« C’est un long chemin. Mais la dynamique est enclenchée et surtout, elle est portée par la direction », assure Hélène Valade. Quant à l’implication des collaborateurs, elle passe par des formations organisées en lien avec les DRH, ainsi que des évènements au sein du groupe visant à introduire une culture de l’impact, afin de mettre fin aux vieilles habitudes qui freinent les progrès sur ce sujet clé.

Auteur

  • N. L.