logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Contrat de travail : Saint Jean Industries plébiscite le CDI d’employabilité

Sur le terrain | publié le : 12.07.2021 | Lys Zohin

L’ETI familiale lyonnaise doit conjuguer exigences de la clientèle et flexibilité. Depuis 2018, elle fait appel à un vivier de main-d’œuvre formée et fiable, par le biais d’une nouvelle forme de contrat de travail, incluse dans la loi de 2018 sur l’avenir professionnel. Et elle en est très satisfaite.

C’est une « crise de croissance » qui a conduit Saint Jean Industries, une société spécialisée dans les solutions technologiques et d’innovations pour les secteurs des transports et des biens d’équipements industriels, à s’intéresser au CDI d’employabilité. « Notre chiffre d’affaires augmentait – il se situe actuellement à quelque 300 millions d’euros – et nous avions des problèmes de capacité de production mais aussi des besoins de flexibilité », explique Olivier Betou, le DRH de cette ETI familiale de 2 000 salariés, dont environ 700 sont basés en France, le reste étant en Europe, en Amérique du Nord et en Chine. « Sur le petit bassin d’emploi où nous nous trouvons, à Belleville en Beaujolais, à une cinquantaine de kilomètres de Lyon, la pénurie de main-d’œuvre guette et le turnover est élevé, du fait, entre autres, de la pénibilité des tâches », poursuit-il.

Autre casse-tête pour cette entreprise : en cas de recours à l’intérim, il faut former les nouveaux arrivants aussi bien sur les machines qu’aux règles de sécurité. « Pendant ce temps, ils ne sont pas productifs », ajoute le DRH de Saint Jean Industries. Enfin, certains postes, même si ce n’est pas le cas de tous dans les unités de production, seront robotisés. Mais à un horizon qui reste à déterminer. Comment faire avec toutes ces données pour s’adjoindre une main-d’œuvre fiable et formée ? Le CDI d’employabilité est apparu comme une bonne solution. La loi de 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a en effet créé une nouvelle forme de contrat de travail – le CDI aux fins d’employabilité – destinée aux actifs éloignés de l’emploi ou aux habitués des contrats précaires.

Assurer l’emploi et l’employabilité

« Nous sommes à l’origine de la loi, car nous pratiquons le CDI d’employabilité depuis 2011 », s’exclame Philippe Bazin, cofondateur et coprésident, avec son épouse Valérie, de Mon CDI. Cette société, qui fait partie des quelques organisations, dont Proman, s’étant lancées sur ce créneau, veut « prouver qu’il est possible de développer l’employabilité des précaires », détaille Philippe Bazin. « À l’heure où 87 % des embauches se font en CDD et que quatre millions de personnes vivent de contrats courts (CDD et intérim), cette précarité est un non-sens économique et social : elle maintient artificiellement des millions de personnes dans un environnement dévalorisant et ne permet pas aux entreprises d’envisager l’avenir avec des salariés qualifiés, car la formation est inexistante », tonne-t-il.

Même chose pour les demandeurs d’emploi, pour qui le développement de l’employabilité est aussi un problème. Pour en finir avec cette situation, la société Mon CDI emploie, par le biais de CDI de droit commun à temps plein, des salariés qui seront envoyés dans les entreprises partenaires comme Saint Jean Industries pour des périodes longues – trois ans, souvent, puis, si l’entreprise n’en a plus besoin, dépêchés dans une autre. « Le but est de ne pas basculer dans le système de chômage à la fin d’un contrat client », poursuit le cofondateur de Mon CDI. En outre, pour assurer l’emploi et l’employabilité, la société s’engage non seulement à proposer trois postes de même type, avec un salaire identique à ceux qui quittent une entreprise partenaire, mais en plus, elle double le budget du compte personnel de formation. « Ce système apporte donc aux entreprises une réponse à leur besoin de flexibilité tout en ayant accès à des salariés compétents, formés et sécurisés dans leur vie de tous les jours par un CDI. Mon CDI est notre solution au dilemme entre le besoin de flexibilité des entreprises et celui de sécurité des salariés, résume Philippe Bazin. Et 66 % des salariés de Mon CDI sont finalement embauchés par les entreprises clientes. » Dont Saint Jean Industries.

Solution idéale

« Cette solution est idéale, confirme Olivier Betou, le DRH. Du fait que nous n’avons pas forcément de visibilité sur les postes, nous ne prenons pas le risque légal sur un CDI, c’est Mon CDI qui s’en charge, mais nous pouvons répondre aux demandes des clients. C’est avantageux pour nous puisque nous pouvons conserver du personnel formé et fiable, et avantageux pour le salarié qui a un CDI. » À partir de 2018, Saint Jean Industries a travaillé avec Mon CDI pour environ 10 CDI d’employabilité par an. Aujourd’hui, d’ailleurs, la société compte 40 CDI d’employabilité et 40 intérimaires. « Mais je souhaiterais plutôt 80 CDI d’employabilité et seulement 10 intérimaires », conclut le DRH de Saint Jean Industries.

Auteur

  • Lys Zohin