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Gestion des carrières : Une négociation GEPP sous tension chez Adecco

L’actualité | publié le : 14.03.2021 | Benjamin d’Alguerre

Le groupe spécialisé dans l’intérim s’est engagé sur une négociation de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) dans un contexte social tendu marqué par les soupçons d’existence d’une « liste noire » de salariés à faire partir…

Popularisé à l’occasion du plan de relance, l’acronyme GEPP – pour gestion des emplois et des parcours professionnels – vient pour la première fois de faire son apparition dans un projet d’accord d’entreprise. Celui d’Adecco, en l’occurrence. Le groupe de travail temporaire qui remettait sur l’ouvrage un ancien accord GPEC désormais désuet en date de 2009, a choisi d’adopter la nouvelle dénomination lors de la troisième séance de discussions à la surprise des négociateurs.

Interrogée, la direction d’Adecco plaide la conformité au nouveau lexique en vigueur : « Nous avons procédé à un alignement de l’intitulé du processus de négociation avec les dernières ordonnances Macron en renommant ce dernier “négociation sur la gestion des emplois et des parcours professionnels”. Cette dernière ne s’inscrit en rien dans un dispositif de transition collective. » Mais les syndicats sont dubitatifs. « Le changement de titre est étrange, car normalement, un accord GEPP se négocie dans le cadre de la mise en œuvre d’une démarche de transitions collectives », observe Agnès Marchat, présidente du syndicat CFTC du travail temporaire.

Autrement dit l’entreprise s’apprête à licencier et à engager les salariés partants dans un parcours de reconversions professionnelles. Et le contexte n’est pas de nature à rassurer les élus car en parallèle de la nouvelle nomenclature du projet d’accord, L’Humanité a révélé l’existence d’une « liste noire » de plus de 120 noms de salariés à licencier ou à placer en situation de rupture conventionnelle en 2020 et 2021. De quoi nourrir des soupçons sur d’éventuelles intentions cachées de la direction du groupe.

Cette dernière plaide une pure coïncidence calendaire. La fameuse liste ne serait qu’un « tableau de bord budgétaire de travail », sans lien avec la négociation. « S’il s’agissait de mettre en place un dispositif de transitions collectives, la direction le ferait de manière officielle. J’ai du mal à voir une corrélation entre les deux évènements », indique Sandrine Poulain, DSC Unsa. Si les syndicats entendent bien tirer cette affaire au clair, une majorité d’entre eux devraient signer l’accord GEPP. « Non pas qu’il soit révolutionnaire, mais il ne nuit pas aux salariés », explique Laetitia Gomez, DSC CGT. Deux dispositions, notamment, trouvent grâce aux yeux des élus : une clause permettant aux salariés en mobilité géographique de conserver leur ancien salaire durant 12 mois une fois installés à leur nouveau poste de travail et une nouvelle politique de gestion des fins de carrière consistant à réduire à 80 % le temps de travail des salariés proches de la retraite tout en maintenant 100 % de leur salaire ou en abondant de 30 jours de congés à leurs deux dernières années dans l’entreprise.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre