logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

Voyage planétaire des entreprises libérées

Les clés | À lire | publié le : 14.12.2020 | Lydie Colders

Image

Voyage planétaire des entreprises libérées

Crédit photo Lydie Colders

Dans Corporate Rebels, Joost Minnaar et Pim de Morree proposent un panorama mondial de patrons qui ont libéré leur entreprise. Une ode à l’autonomie des salariés inégale, qui vire trop à l’exercice de complaisance. À lire entre les lignes.

Lassés « de devoir se plier à des procédures » et d’une hiérarchie qui ne leur laissait aucune marge de manœuvre, Joost Minnaar et Pim de Morree, deux jeunes ingénieurs néerlandais, ont quitté leur entreprise pour créer un cabinet de conseil qui promeut le management « libéré ». Tiré de leur blog professionnel, leur livre raconte leur voyage au Brésil, aux États-Unis ou en Europe, « à la rencontre » d’une centaine de dirigeants qui ont opté pour ce type d’organisation. De l’actuel dirigeant de Patagonia à Jean-François Zobrist chez Favi, à des exemples moins connus, comme ce patron d’une agence de conseil à Bilbao, qui a construit des équipes autonomes « où les membres sont assignés à des projets et élisent leurs chefs », leur récit fait l’apologie de ces patrons « progressistes » qui misent sur la confiance et l’autonomie des équipes. Si l’entreprise libérée est très controversée en France, vue comme un moyen d’optimiser les coûts en transférant davantage de responsabilités vers les salariés, les auteurs, eux, y voient l’avenir : le management actuel des grands groupes, empreint de taylorisme et directif, « ne fonctionne plus » et assèche « les idées », selon eux. Face au désengagement inquiétant des salariés, leur déléguer du pouvoir et assouplir la hiérarchie permettrait donc « aux entreprises de mieux s’en sortir financièrement ».

Les nombreux témoignages d’entreprises sont parfois intéressants, brossant des expérimentations très différentes : management horizontal, auto-organisation des équipes, développement du télétravail dans l’administration (cas instructif du ministère belge de la Sécurité sociale). Ou encore une certaine démocratisation, comme ce patron d’une filiale d’assurance en Suisse, qui s’est fait « réélire » par le personnel. Hélas, ils sont trop promotionnels et survolés. Et ce beau recensement ne convainc pas toujours. On y croise Ricardo Semler, ex-patron brésilien de Semco, où les employés évaluent notamment leur manager via des questionnaires anonymes et fixent leurs propres objectifs. Mais aussi, aux antipodes, le redoutable Zhang Ruimin, patron de la multinationale Haïer en Chine, qui a adopté une démarche de micro-entreprise « kaisen » pour améliorer la qualité en continu des produits, avec des ouvriers récompensés « pour leurs idées ». Drôle de mélange des genres, qui sent parfois trop la performance. Si les auteurs distillent des pistes pour « distribuer l’autorité », en finir avec l’évaluation ou « être transparent » pour impliquer les salariés, le livre reste très entrepreneurial. À prendre avec recul.

Auteur

  • Lydie Colders