Le Premier ministre Boris Johnson a beau avoir participé aux applaudissements rituels pour saluer le travail des soignants, son gouvernement soutient une proposition de loi qui rendra plus difficile l’obtention de permis de travail pour les étrangers – très nombreux – dans le secteur de la santé. Le texte, qui devrait être examiné à la fin de cette année, en finira avec la liberté de mouvement des ressortissants européens en direction du Royaume-Uni. Il établira en outre un système de points pour les étrangers qui veulent venir y travailler, favorisant les plus qualifiés et les mieux payés. Ce qui ferme de facto la porte à de nombreux étrangers qui travaillent dans le domaine de la santé et des soins, en particulier pour les personnes âgées. Si le gouvernement défend son initiative, qui, dit-il, vise à ne plus dépendre d’une main-d’œuvre bon marché en provenance du continent européen, nombreux sont les salariés – venant de Lituanie, de Pologne ou d’ailleurs –, essentiels pour la bonne marche du secteur, qui l’accusent d’hypocrisie. Quant aux entreprises de la santé, elles s’inquiètent de ne pas pouvoir, à l’avenir, faire face à la demande sans leur aide précieuse. Si la nouvelle proposition de loi a le soutien de la majorité parlementaire, l’opinion publique, en faveur de restrictions concernant les travailleurs étrangers, commence cependant à évoluer. Selon un récent sondage, 54 % des Britanniques sont désormais favorables à des mesures moins strictes sur l’immigration – après avoir pris conscience de l’utilité de ces travailleurs pendant la crise sanitaire.