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Sur le terrain

IRP : Crédit mutuel Arkéa accouche dans la douleur de ses CSE

Sur le terrain | publié le : 25.11.2019 | Sophie Massieu

Un succès pour la direction, une déception même pour les organisations syndicales signataires. La mise en place des comités sociaux et économiques au sein de l’UES Arkade s’est réalisée dans un climat tendu. Arkéa revendiquant toujours son indépendance vis-à-vis de la fédération Crédit mutuel.

L’unité économique et sociale Arkade, du Crédit mutuel Arkéa, vient de mettre en place son comité social et économique. Ses CSE, plus exactement. Il y en a quatre, configurés en quelques mois, entre l’été et octobre, au travers de cinq commissions techniques et deux séances de négociation. L’accord a été signé par deux organisations syndicales, la CFDT (46,78 % aux dernières élections) et l’Unsa (26,54 %), mais rejeté par le SNB-CFE-CGC (15,82 %) et la CGT (10,84 %).

Sur ces quatre nouvelles instances représentatives du personnel, trois sont territoriales (un CSE par fédération Bretagne, Massif central et Sud-Ouest) et une est centrale, pour le siège et la filiale qui gère les entreprises et les institutionnels. Les quatre commissions santé, sécurité et conditions de travail comptabilisent au total 24 membres, dotés chacun de 8 heures de délégation mensuelle. À quoi s’ajoutent 22 représentants dits de proximité, eux aussi pourvus de 8 heures de délégation par mois. Le CSE central compte 20 membres et l’accord prévoit que chaque organisation syndicale représentative compte trois délégués centraux syndicaux (deux de plus que l’obligation légale, mais deux de moins qu’auparavant).

Des syndicats guère enthousiastes

Pour la direction, cette nouvelle architecture représente de belles avancées : « C’est un succès, commente le directeur des ressources humaines, Marc Gosselin. C’est une belle copie. L’esprit du législateur consiste à simplifier, à rendre les choses plus lisibles et à construire un dialogue social efficace. C’est dans cet état d’esprit que nous avons négocié notre accord. » Les organisations syndicales le perçoivent tout autrement. Sous couvert d’anonymat, un représentant du SNB-CFE-CGC estime que le seul but de la direction consistait à réduire les moyens donnés aux représentants du personnel. Il regrette des délais de négociation trop courts, affirme avoir découvert les documents à la dernière minute et déplore que l’entreprise communique sur le dépassement du minimum légal sans jamais rappeler ce qui existait avant la mise en place des CSE.

Guère plus d’enthousiasme chez le délégué central syndical CFDT Bruno Grall, qui a pourtant apporté son paraphe à l’accord : « Nous avons signé pour éviter un échec en matière de représentation des salariés, mais ça ne correspondait ni à notre envie, ni à notre goût. Nous allons devoir travailler très différemment de ce que nous faisions auparavant. »

Ce qui inquiète le plus ?

« L’instance centrale n’est pas assez peuplée, alors que c’est en son sein que nous discutons de l’économie de l’entreprise, de ses orientations stratégiques, là où se donnent les avis sur les acquisitions… »

Au cœur des débats actuels, figure au premier rang le souhait d’indépendance exprimé par Arkéa vis-à-vis de la fédération du Crédit mutuel. La direction ne ménage pas ses efforts pour l’obtenir, y compris jusque devant la justice européenne, qui a donné tort, en octobre, à Crédit mutuel Arkéa. En effet, la Cour de justice européenne a définitivement confirmé, le 2 octobre, le rôle et les pouvoirs de la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM), l’organe central du groupe, dont Crédit mutuel Arkéa contestait depuis 2015 le statut. Les syndicats, eux, sont vent debout. Et leur opposition pourrait, en bonne part, expliquer le climat social tendu, autour de la négociation de l’accord sur le CSE notamment.

De nouvelles bases

Marc Gosselin, pour sa part, note que « le CSE représente un grand changement pour tout le monde. Les syndicats ont été surpris par la durée de la négociation mais, à mon avis, elle s’est passée dans des conditions normales et avec le temps nécessaire ». Selon lui, il y aurait donc une forme de réticence au changement : « Se transformer n’est pas simple. Mais le CSE représente une opportunité en or de partir sur de nouvelles bases, même s’il est toujours difficile de se remettre en cause, pour chacun d’entre nous. » Aucun regret sur l’« ancien système », qui « avait perdu en efficacité ». « Au final, nous serons tous satisfaits de notre nouvelle façon de fonctionner, nécessaire devant les enjeux de transformation de notre activité, que nous devons adresser en priorité. »

Crédit mutuel Arkéa compte 10 500 salariés, 3 000 administrateurs, répartis dans une trentaine de filiales spécialisées (Fortuneo, Suravenir assurances…). Arkade, l’unité économique et sociale concernée par la mise en place de ces CSE, rassemble 6 500 des salariés du groupe.

Auteur

  • Sophie Massieu