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Sur le terrain

Diversité : Solocal mise sur l’égalité des chances

Sur le terrain | publié le : 25.11.2019 | Carine Mandère

Pour recruter des conseillers commerciaux dans son établissement roubaisien, Solocal a testé une méthode avec un nouveau partenaire associatif. Issus des clubs sportifs de la ville, de jeunes Roubaisiens sont repérés et formés avant d’intégrer l’entreprise.

Implanté dans plusieurs villes en France, le spécialiste de la publicité digitale Solocal (groupe détenant entre autres les Pages jaunes et Mappy) rencontrait des difficultés à recruter des conseillers commerciaux dans le Nord, précisément à Roubaix. Alors que plusieurs postes restaient à pourvoir en début d’année, l’entreprise a expérimenté une approche différente. S’appuyant sur l’engagement d’une association spécialisée dans l’insertion via le sport, le dirigeant de l’établissement roubaisien compte désormais dans ses effectifs de nouveaux vendeurs. « Ce sont des jeunes de moins de 30 ans fiables et impliqués, commente Yann Le Saouter, directeur du site. Nous ne parvenions pas à embaucher selon les process classiques. Même le résultat des agences de recrutement avec lesquelles nous avions l’habitude de travailler ne convenait pas. Il est indispensable aujourd’hui de changer nos façons de réfléchir et de sortir des sentiers battus pour recruter. »

Avec l’antenne Hauts-de-France de l’APELS (Agence pour l’éducation par le sport), un groupe de dix jeunes motivés par ces emplois à pourvoir a été constitué. Une formation de trois semaines rattachée au programme Déclics sportifs leur a permis de prendre conscience de leurs qualités. Les valeurs développées par la pratique régulière de leur sport les rendent performants sur le marché du travail. « Dans les entreprises, on a besoin avant tout de savoir-être et ce n’est pas pendant les études qu’on l’apprend. La politesse n’est pas liée au bac + 5 ni au fait d’avoir fait une école renommée », précise-t-il.

Diversité logique

Cette façon de recruter a valu à Solocal d’être Lauréat diversité, le mois dernier à Lille, en remportant le coup de cœur du public et le premier prix entreprise lors d’un concours se déroulant pendant le forum mondial de l’économie responsable. « J’ai souhaité parler de notre expérience et surtout de ces jeunes car on peut avoir tendance à se méprendre dans le monde professionnel, explique Yann Le Saouter. Par habitude de vouloir rester dans un entre-soi, les entreprises n’osent pas aller dans les quartiers. Or venir de milieux identiques n’apporte rien. C’est l’inverse qui est bénéfique. Et d’une certaine façon, il est un peu navrant de devoir expliquer cette diversité comme positive. Cela devrait seulement être plus normal, et sembler naturel : être différents au sein des entreprises nous enrichit tout simplement. »

Un CDI a été proposé aux jeunes issus de ce programme et Yann Le Saouter est pleinement satisfait du partenariat avec APELS Hauts-de-France. « Nous avons d’autres postes à pourvoir à Roubaix et nous allons continuer sur ce modèle. Nous choisissons de le faire non pas pour correspondre à des exigences RSE mais parce que ces jeunes sont meilleurs. Le siège de Solocal réfléchit aussi à développer cette méthode de recrutement : l’association APELS étant nationale, il va être possible de mettre leurs antennes régionales en lien avec les autres établissements de Solocal. »

L’APELS adapte les valeurs du sport à l’entreprise

« On explique aux jeunes qu’ils doivent se comporter dans l’entreprise comme ils sont dans la salle de sport », explique Maïdin Elgarni, coordinateur pour Déclics sportifs à Roubaix. L’APELS favorise l’éducation et l’insertion des jeunes par le sport grâce, notamment, à l’implication de sportifs reconnus. Maïdin Elgarni, Roubaisien et boxeur professionnel, est considéré comme un modèle par les jeunes. Ils acceptent ainsi plus facilement les conseils. « Quand on leur dit qu’ils sont des talents, les jeunes passionnés de sport que nous repérons sont surpris, ils n’ont pas l’habitude d’être valorisés. Ils n’ont pas ou peu de diplômes car ils n’ont pas toujours fait un bon parcours scolaire et ils ne s’imaginent pas qu’ils peuvent être de bons professionnels. Le programme leur donne confiance. Ils se rendent compte que les codes qu’ils pratiquent, par exemple au judo ou en karaté, sont des avantages. Ils comprennent que le respect, la ponctualité et l’esprit d’équipe dont ils font preuve dans leur sport sont des atouts en entreprise. Et surtout ce sont des compétiteurs. Si on leur parle de points possibles d’amélioration, ils écoutent les critiques et ont la volonté de devenir les meilleurs. Pour des postes en vente, ça les aide particulièrement. »

Auteur

  • Carine Mandère