Cela n’était pas arrivé depuis 2007. Les représentants du puissant syndicat des salariés de l’automobile, l’United Auto Workers (UAW), ont déclenché, le 15 septembre à minuit, une grève illimitée des 46 000 salariés, basées dans 55 usines de dix États des États-Unis. La crise de 2008 avait précipité l’industrie automobile américaine au bord du gouffre, et les syndicats avaient dû faire énormément de concessions pour sauver les meubles.

Mais aujourd’hui, GM, et les « big three » en général, vont beaucoup mieux. Au point que GM a enregistré 8,1 milliards de dollars de bénéfices l’an dernier et un total de 35 milliards sur les trois dernières années. Et les syndicats, qui estiment qu’ils ont fait leur part pour remettre la société sur les rails, exigent des contreparties. Sous forme, notamment, à l’occasion d’un nouvel accord, d’augmentations de salaires, d’une meilleure couverture santé et de la sécurité de l’emploi.

En face, GM a annoncé vouloir fermer quatre lignes de montage. De plus, le constructeur se fait tirer l’oreille sur les augmentations et estime qu’il dépense déjà beaucoup pour l’assurance maladie de ses salariés… De fait, la couverture santé représente tant pour GM que pour Ford, un coût d’un milliard de dollars par an, les salariés de GM ne payant que 3 % de ce montant. GM voudrait porter la part salariale à 15 %, tant la situation lui semble difficilement soutenable…

C’est trop pour l’UAW, même si les salariés américains prennent à leur charge, en moyenne, 28 % des frais de mutuelle proposée par leur employeur. Bien lotis, les salariés de GM, qui gagnent en moyenne 90 000 dollars par an, ont aussi du mal à digérer le salaire annuel de la pédégère, Mary Barra, qui atteint 22 millions de dollars.

La direction de GM assure en tout cas qu’elle investira 7 milliards de dollars, notamment dans les salaires, qu’elle créera 5 000 nouveaux postes sur quatre ans, de même qu’elle affiche l’intention d’améliorer le système de participation aux bénéfices et de préserver la couverture santé…

Les positions sont loin d’être réconciliées pour l’instant. Selon les observateurs, la grève, qui coûterait 50 millions de dollars par jour à GM en production perdue, pourrait durer de deux semaines à un mois.