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Sur le terrain

Réorganisations : Photonis couple RCC et annualisation du temps de travail

Sur le terrain | publié le : 08.07.2019 | Laurence Estival

Signé par la quasi-totalité des syndicats de Photonis il y a un an, l’accord portant rupture conventionnelle collective (RCC), couplé à un second accord sur l’annualisation du temps de travail, a permis de limiter le nombre de suppressions d’emplois et de mieux accompagner les salariés licenciés.

Confrontée depuis plusieurs années à une diminution de son chiffre d’affaires due à une baisse du marché de la vision nocturne, Photonis France, filiale française d’un groupe spécialisé dans la fabrication de composants optoélectroniques pour la défense installée à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze (460 salariés), s’est dotée début 2018 d’une nouvelle stratégie industrielle. « Alors que nous avions jusqu’en 2015 une visibilité sur l’évolution de notre carnet de commandes qui nous permettait de lisser les périodes creuses, la situation est devenue plus compliquée, rappelle Louise Michelin, la DRH. Notre visibilité ne dépasse pas aujourd’hui trois mois. Les négociations prennent de plus en plus de temps et, quand un contrat est signé, nous devons livrer très rapidement. » Le choix est fait alors de laisser tomber la production de composants pour lesquels l’entreprise n’avait aucune valeur ajoutée, de procéder à une suppression des doublons qui existaient au niveau des fonctions supports entre les deux sites de production et de revoir à la baisse le nombre déjà peu élevé d’intérimaires.

La mise en place de cette nouvelle stratégie n’a pas été sans conséquences pour les salariés : « Il nous fallait supprimer 20 % de nos effectifs, soit quelque 90 postes, poursuit la DRH. Nous avions la possibilité de nous engager dans un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) mais, après réflexion, nous avons préféré nous orienter vers une RCC (rupture conventionnelle collective), car ce dispositif offre plus de liberté pour en définir le contenu », met en avant Louise Michelin.

Des avantages pour les salariés

L’entreprise décide de s’appuyer sur la cartographie des compétences et des compétences stratégiques de ses salariés – un travail réalisé en amont dans le cadre de la GPEC – pour déterminer les publics éligibles à la RCC. « Nous avons préféré garder les personnes qui nous semblaient difficilement remplaçables à moyen terme avec, comme corollaire, la mise en place d’un plan pour les personnes licenciées. Celui-ci prévoyait, outre une indemnité extralégale, un accompagnement jusqu’à l’atteinte de leurs objectifs pour les salariés éligibles qui souhaitaient retrouver un emploi, se reconvertir en suivant une formation, créer ou reprendre une entreprise ou poursuivre un projet personnel », poursuit la responsable. Parallèlement, une réflexion a été engagée sur l’annualisation de la durée du travail afin de limiter le nombre de licenciements. Résultat : seule une cinquantaine de postes devait être supprimée.

Après six semaines de négociations entre avril et le 16 mai 2018, trois organisations syndicales (FO, CFE-CGC et CFDT) ont signé l’accord RCC alors que FO, majoritaire, a été la seule, avec la CFE-CGC, à apposer son paraphe à la fin de l’accord sur l’annualisation du temps de travail. « Nous avons obtenu des avantages importants pour les salariés : une prime au départ plafonnée à 25 mois de salaires bruts quelles que soient sa rémunération et son ancienneté dans l’entreprise et un plus grand suivi des licenciés dans la réalisation de leurs projets », détaille Michelle Geneste, déléguée Force ouvrière. Quant à l’accord sur l’annualisation du temps de travail, il a permis de préserver 25 CDI et de compenser les pics de charges par de l’intérim. « Ces deux textes étaient en réalité complémentaires », poursuit la déléguée FO.

Réapprendre à vivre l’entreprise autrement

Un an plus tard et alors que les derniers salariés qui ont choisi un départ dans le cadre de la RCC – soit au final 45 personnes volontaires – vont quitter l’entreprise d’ici la fin de l’été, le reclassement semble aujourd’hui se dérouler sans trop de problèmes. Pour l’appui à la recherche d’emploi, Photonis s’est aussi rapprochée de l’UIMM et des quelque 200 entreprises ou structures composant la Mecanic Vallée, qui s’étend sur deux régions (Nouvelle Aquitaine et Occitanie) et plusieurs départements, dont la Corrèze. « Mais quel que soit le résultat, il reste une grande tristesse. Il faut réapprendre à vivre l’entreprise autrement », reconnaît Michelle Geneste, pointant, cependant, la qualité du dialogue social qui a permis de trouver « la solution la moins violente pour les salariés ».

Photonis France fait partie des 30 entreprises ou structures dont les accords ont été présentés dans le cadre de la journée des Réussites du dialogue social, organisée le 28 juin au ministère du Travail.

Auteur

  • Laurence Estival