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Le fait de la semaine

Baromètre : La fonction RH boostée par la transformation de l’entreprise

Le fait de la semaine | publié le : 08.04.2019 | Nathalie Tran

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Baromètre : La fonction RH boostée par la transformation de l’entreprise

Crédit photo Nathalie Tran

En dépit de la multiplication des obligations légales et réglementaires qui pèsent sur leurs épaules, leur charge de travail qui s’alourdit et le fait de devoir agir parfois contre leurs valeurs, tiraillés entre les injonctions de leur direction générale et les demandes légitimes des salariés, les directeurs des ressources humaines considèrent que leur métier s’est enrichi depuis cinq ans.

Lorsqu’on les interroge sur ce qui fait à leurs yeux l’intérêt de leur métier, les DRH et les RRH mettre principalement en avant leur rôle de conseil auprès des salariés et des managers, et de partenaire stratégique et d’accompagnement du changement. Mais entre leurs aspirations et la réalité du terrain, le fossé se creuse. Au quotidien, c’est l’administratif qui prend le pas, occupant désormais un quart de leur temps. Ainsi, 76 % des professionnels interrogés disent être surtout accaparés par la mise en place des accords (+ 12 points depuis 2012), et 56 % rencontrent des difficultés pour valoriser l’apport de la fonction RH aux objectifs stratégiques de l’entreprise (+ 4 points). « Le rythme et le nombre de réformes et d’évolutions réglementaires s’accélèrent depuis 2016. Tout cela mobilise près de 9 DRH sur 10 et explique que l’administratif reste prédominant », constate Isabelle Drouet de la Thibauderie, manager d’offre et d’expertise RH à Cegos. Par exemple, 41 % d’entre eux disent que le prélèvement à la source (PAS) a fortement pesé sur la charge de travail de l’équipe RH… Et seuls 26 % estiment avoir eu une forte valeur ajoutée pour accompagner sa mise en place.

Outre le PAS, les DRH et leurs équipes ont dû également mettre en œuvre la nouvelle organisation des instances représentatives du personnel, la réforme de la formation professionnelle, l’égalité professionnelle femmes-hommes et s’adapter à la fusion des retraites complémentaires Agirc-Arcco… Alors qu’ils doivent par ailleurs répondre à des enjeux de climat social, agir contre les risques psychosociaux et le stress au travail (enjeu prioritaire pour 50 % des répondants), développer un bon dialogue social avec les partenaires sociaux (48 %) et œuvrer en faveur d’un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle (47 %). Surtout ils sont aujourd’hui à la manœuvre pour accompagner les transformations en cours au sein des organisations. Le dernier Baromètre « Radioscopie des DRH » montre, en effet, qu’un professionnel des ressources humaines sur deux fait face à des enjeux stratégiques, tels que des réorganisations et restructurations (50 %) ou l’accompagnement de la digitalisation et de la transformation de leur entreprise (48 %).

Motivations

Dans ce contexte, le développement des compétences et l’employabilité des collaborateurs (56 %) ainsi que l’attraction et la fidélisation des talents (50 %) deviennent des priorités RH majeures. Une bonne chose pour les DRH car pour 61 % d’entre eux, c’est justement l’accompagnement du développement des compétences qui les a principalement attirés dans la fonction. Parmi leurs principales motivations, viennent ensuite l’accompagnement humain des projets de changement (34 %), qui constitue leur premier motif de satisfaction (37 %), juste devant le développement des compétences (36 %). Puis le fait d’être placé au cœur des décisions stratégiques de leur entreprise (33 %) et d’être un acteur clé du dialogue social (33 %). Des missions qu’ils ont effectivement trouvées une fois en poste, même s’ils sont amenés à travailler sur les restructurations « au-delà de ce qu’ils avaient imaginé », souligne Isabelle Drouet de la Thibauderie.

Sur tous les fronts, les DRH ne sont pas épargnés par les maux qu’ils sont censés eux-mêmes prévenir et accompagner. Ils sont 64 % à dire que leurs horaires de travail explosent et 54 % peinent à déconnecter une fois rentrés chez eux. Ils sont également 40 % à déclarer manquer d’informations sur la stratégie de l’entreprise (+ 19 points vs 2012), 52 % à se heurter au manque de vision sociale et d’anticipation de leur direction et 41 % dénoncent un manque de liberté de parole auprès de leur DG. Des situations qui les exposent aux risques psychosociaux, constate Isabelle Drouet de la Thibauderie, d’autant qu’un DRH sur deux déclare être amené à agir contre son éthique et ses valeurs.

Revalorisation

Malgré cela, 3 DRH sur 4 considèrent que cette complexité apporte de l’intérêt à leur métier : 88 % des répondants estiment qu’il s’est enrichi et 76 % qu’il est devenu plus stratégique, depuis cinq ans. « Je n’y vois pas de paradoxe, mais davantage l’expression d’une certaine résilience », commente Isabelle Drouet de la Thibauderie. Le contexte de transformation des entreprises contribue en effet à la revalorisation de la fonction qui, du coup, attire de plus en plus des professionnels issus du business ou de la production. C’est le cas de 41 % des répondants (soit plus de 14 points par rapport à 2016). Pour réussir la transformation des entreprises, analyse Annick Allegret, membre du directoire du groupe Cegos, « il faut à la fois inventer et déployer de nouveaux business models avec un fort enjeu de compétitivité, et orchestrer la montée en compétences des équipes dans un monde du travail en mutation. Or ces deux défis sont profondément liés et le DRH peut en être le trait d’union. Pour cela, il doit parvenir, avec son équipe, à être à la fois en prise avec le terrain, avec les évolutions de la société et avec sa direction. C’est ce qui aujourd’hui rend son métier riche et complexe et ce qui fait qu’il y reste très attaché ».

Prise entre deux feux

Côté salariés, le niveau de confiance dans la fonction RH reste néanmoins faible : 5,5 sur 10 (au lieu de 5,6 en 2016). Ils lui reprochent principalement de prendre insuffisamment en compte le facteur humain (34 %), un manque de transparence (26 %) et de proximité (25 %). « Le salarié perçoit le DRH comme le bras armé de la direction générale, même si la tendance semble s’améliorer », remarque Isabelle Drouet de la Thibauderie. Point positif : une large majorité de collaborateurs reconnaît la capacité de la DRH à accompagner les évolutions sociétales (égalité professionnelle femmes-hommes, politique RH inclusive, lutte contre les discriminations…). Et notamment les plus jeunes : 78 % des moins de 30 ans contre 66 % au global. « Les qualités reconnues et reproches adressés aux DRH illustrent bien l’idée d’une fonction prise entre deux feux. Les collaborateurs ont l’image de DRH gestionnaires alors qu’ils attendent d’abord de la proximité et du relationnel. Mais n’oublions pas qu’au quotidien, les DRH doivent aussi composer avec les volontés stratégiques de leur direction », analyse Isabelle Drouet de la Thibauderie.

Auteur

  • Nathalie Tran