Employeurs recherchent salariés désespérément ! Alors que les dépôts d’offres d’emploi ont augmenté de 9,2 % ces douze derniers mois dans les agences Pôle emploi, certains secteurs professionnels peinent encore à trouver des candidats pour occuper les postes à pourvoir. Couvreurs, chaudronniers, carrossiers ou serruriers sont devenus des perles rares. Selon l’édition 2018 de l’enquête en besoin de main-d’œuvre de Pôle emploi, 44,4 % des recrutements sont jugés « difficiles » par les entreprises. Le même baromètre indique que la pénurie de candidats est à 83 % le premier motif de difficulté de recrutement pour les employeurs devant l’inadéquation des candidatures (77,6 %) et la nature du poste proposé (50,6 %). Résultat : de 200 000 à 300 000 projets d’embauche ont été tout simplement abandonnés par les entreprises, faute de candidats pour y répondre.

« Il y avait urgence à lancer cette campagne : le décalage entre les offres et les candidats risque de s’intensifier avec le retour d’une croissance créatrice d’emplois : + 18 % de créations nettes sont ainsi attendues d’ici la fin 2018 », indique-t-on dans l’entourage de Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi. À cette fin, l’opérateur a choisi de déployer quelque 7 000 actions locales au sein de 818 agences. « La mise en relation directe est la méthode la plus pertinente pour rapprocher employeurs et candidats potentiels », estimait Muriel Pénicaud, le 20 septembre, à l’occasion du lancement de l’opération #VersUnMétier au sein d’une agence parisienne de la Porte de Bagnolet. Ce jour-là, d’ailleurs, dans le cadre du programme, l’agence de la rue de Vitruve (20^e arrondissement) organisait une séance d’information destinée à sensibiliser une quarantaine de chômeurs au métier de « référent Web polyvalent » au bénéfice de deux PME du secteur de la culture qui peinent à trouver les compétences dont elles ont besoin. Parmi ces candidats potentiels, ceux qui sont intéressés pourront bénéficier d’une formation dans le cadre d’une préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC) financée en partie par l’Afdas, l’Opca du secteur, et par le PIC, le Plan d’investissement compétences qui doit former un million de chômeurs et autant de jeunes aux métiers en tension ou liés à la transition écologique ou numérique.

Les opérations menées dans le cadre du programme #VersUnMétier s’appuieront sur des méthodes de recrutement alternatives déjà menées par l’agence. À l’image des « bars à CV » organisés à Béthune pour le compte de Bridgestone. Ou des escape games de l’emploi mis en place à Marseille en vue de recruter dans le secteur maritime. Ou encore ces portes ouvertes organisées au sein de l’agence d’Hérouville (Calvados) où l’entreprise Batimétal vient vanter les mérites de ses métiers. Finie l’image de Pôle emploi comme une usine à chômeurs. L’opérateur s’est massivement converti à l’accompagnement des entreprises. 4 300 de ses 54 000 agents sont d’ores et déjà formés à la relation avec les employeurs. Quant au traditionnel dépôt de CV auprès des conseillers, il pourrait bientôt relever de l’histoire ancienne : l’ex-ANPE se convertit à de nouvelles façons d’embaucher comme les méthodes de recrutement par simulation (125 000 en 2017), l’immersion professionnelle, les job dating ou les salons en ligne.