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Rentrée sociale : Le Medef à l’épreuve du feu

L’actualité | publié le : 03.09.2018 | Benjamin D’Alguerre

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Rentrée sociale : Le Medef à l’épreuve du feu

Crédit photo Benjamin D’Alguerre

À peine entrés en fonction et déjà un agenda chargé pour Geoffroy Roux de Bézieux et la nouvelle équipe dirigeante du Medef qui vont devoir, dès septembre, s’engager dans de nouvelles négociations relatives à la santé au travail, l’indemnisation des arrêts maladies et surtout l’assurance chômage.

Une renégociation de l’assurance chômage ? « L’idée ne me choque pas », lançait le successeur de Pierre Gattaz à l’occasion de sa conférence de presse de la rentrée, le 27 août. Mais s’il se veut moins clivant que son prédécesseur et incarner un Medef « de propositions », Geoffroy Roux de Bézieux n’en entame pas moins son mandat sous les classiques auspices patronaux : pas question, ainsi, « de renégocier à la marge ce qui a déjà été négocié il y a un an », prévient-il.

S’il ne « s’interdit rien » durant cette négociation et notamment pas d’y inviter des sujets non prévus au planning comme l’Europe ou les mutations technologiques, le nouveau patron des patrons reste fidèle à la ligne « paritaro-sceptique » tracée pendant sa campagne en s’interrogeant sur le nouveau statut de l’assurance chômage, désormais financée en partie par une fraction de la CSG en remplacement des cotisations obligatoires des salariés.

« Dès lors qu’on finance par la CSG, on n’est plus dans le régime assurantiel », explique celui qui présida l’Unédic de 2008 à 2010. « Cela doit nous faire réfléchir à un nouveau système : faut-il un socle d’assurance chômage financé par un impôt universel auquel serait associé un revenu de remplacement financé par des cotisations complémentaires ? » Une question de fond sur la nature du régime et de ses prestations que le Medef portera sans doute lors des futures discussions. Édouard Philippe, de son côté, a déjà ouvert la voie à un changement des règles du jeu en posant sur la table l’hypothèse d’une dégressivité des allocations pour les chômeurs les mieux indemnisés. Pour Geoffroy Roux de Bézieux, la question est mal posée : « Il ne s’agit pas de raisonner en termes de statut, mais de niveau de revenu », affirme-t-il sans s’opposer sur le principe à cette dégressivité.

Les questions de permittence et de recours abusif de certains secteurs économiques aux contrats de courte durée (un usage qui grève les comptes de l’Unédic) ne manqueront pas de venir frapper à la porte des partenaires sociaux. Lors des précédentes négociations de 2015 et 2017, le patronat s’était retiré temporairement cette épine du pied en renvoyant ce sujet aux branches… lesquelles ont jusqu’à présent plutôt montré leur empressement à ne rien faire. Pas sûr qu’il puisse s’en tirer en jouant la montre cette fois-ci. « Il existe des secteurs dont l’activité structurelle génère de la précarité : est-ce qu’un malus sur les cotisations patronales y changera la nature des contrats ? Je ne crois pas », martèle le PDG de Notus Technologies, qui, à l’image de son prédécesseur, préférerait voir les branches arbitrer la question.

Le coût du travail « ne doit pas augmenter »

Côté santé au travail, le Medef n’abat pas pour l’heure ses cartes. S’il ne s’interdit « aucun tabou » dans la négociation à venir, Geoffroy Roux de Bézieux trace néanmoins une ligne rouge : celle du coût du travail « qui ne doit pas augmenter ». Quant à l’indemnisation des arrêts maladie, qu’il avait été un temps question de faire peser sur les entreprises pour les arrêts de courte durée (idée depuis abandonnée), le patron des patrons y voit « un sujet de fond ». Mais surtout un sujet complexe dont l’examen nécessite « un diagnostic fin », notamment sur la corrélation entre recul de l’âge de la retraite et dégradation de la santé au travail. N’empêche. Après l’épée de Damoclès du bonus-malus sur les contrats courts, l’option d’un transfert de la prise en charge financière des arrêts maladie de quelques jours sur les employeurs pourrait être la nouvelle menace que le gouvernement entend faire peser sur le patronat pour l’inciter à s’impliquer vraiment dans la négociation sans être tenté de jouer le pourrissement. À suivre, donc.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre