logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

Dialogue social : Geoffroy Roux De Bezieux, partisan de la fin des « négociations-alibis »

L’actualité | publié le : 09.07.2018 | Benjamin D’Alguerre

Image

Dialogue social : Geoffroy Roux De Bezieux, partisan de la fin des « négociations-alibis »

Crédit photo Benjamin D’Alguerre

Pas de négos si les marges laissées aux partenaires sociaux par l’État sont trop faibles, annonce le nouveau président du Medef. Selon lui, le dialogue social interprofessionnel n’a de sens que s’il repose sur des diagnostics économiques.

Les portes de la salle 240 du Medef resteront-elles closes pendant les cinq années à venir ? Cette salle du deuxième étage de l’immeuble parisien du 55, avenue Bosquet (baptisée « Catherine Martin » en l’honneur d’une ancienne directrice adjointe des affaires sociales de l’organisation) abritait traditionnellement les longues séances de négociations paritaires qui débouchaient – parfois – sur des accords nationaux interprofessionnels (ANI) structurant la vie des entreprises et des salariés. Va-t-elle changer de vocation avec l’arrivée à la présidence du Medef de Geoffroy Roux de Bézieux, élu (par 55,8 % des voix) le 3 juillet dernier face à son challenger, Alexandre Saubot ? Celui qui vient de succéder à Pierre Gattaz pour un mandat de cinq ans n’a jamais fait mystère de sa volonté de rebattre les cartes du dialogue social interprofessionnel et du paritarisme de gestion, même si ses propos en la matière s’étaient adoucis dans les derniers mois de la campagne.

Une volonté de transformer le paritarisme

En tout cas, le discours de victoire du PDG de Notus annonçait la couleur de l’agenda social envisagé pour les cinq ans à venir. « Transformer le paritarisme pour obtenir une véritable autonomie de décision et de gestion » et « imaginer un dialogue social national qui devienne un dialogue économique et social » font partie des priorités du nouveau président du Medef. « Il faut en finir avec ces négociations alibis où l’ombre tutélaire de l’État plane sur les partenaires sociaux », assenait-il quelques minutes avant son élection. Directement ciblées, les deux dernières négociations interprofessionnelles sur la réforme de l’assurance-chômage et de la formation professionnelle dans lesquelles l’immixtion du ministère du Travail en amont ou en parallèle des discussions a laissé un arrière-goût amer dans la bouche de l’organisation patronale.

Le Medef s’apprête-t-il pour autant à claquer la porte des instances paritaires ? Tout dépend desquelles. À l’assurance-maladie, la politique de la chaise vide est quasi actée. « Ce n’est plus du paritarisme puisque l’État en a repris le contrôle », estime le nouveau patron des patrons. Pour l’Unédic, en revanche, la situation est plus tangente même si la future loi Pénicaud prévoit d’imposer un cadrage financier aux futures négociations sur les conventions d’assurance-chômage. « Nous n’avons pas pris la décision de quitter l’Unédic, mais le comité exécutif sera interrogé sur la pertinence, ou non, d’entrer en négociation. Nous n’irons pas négocier si nos marges de discussions sont trop faibles », prévient Geoffroy Roux de Bézieux.

Côté DRH, ces annonces inquiètent peu : « Comparé aux 900 accords de branches et aux 45 000 accords d’entreprise existants, le niveau interpro est en net recul. Je suis assez serein pour le dialogue social », estime Jean-Paul Charlez, président de l’ANDRH. Ce qu’il redoute, en revanche, c’est de voir Geoffroy Roux de Bézieux adopter le même ton de matamore que son prédécesseur. « J’espère que le nouveau patron du Medef sera moins fighting spirit que Pierre Gattaz, moins politique. Le pin’s 1 million d’emplois, c’était excessif… »

Vers l’Europe et l’international

Avec l’ancien PDG de The Phone House aux manettes, le Medef entre dans une période où son regard se tourne davantage vers l’Europe et l’international que sur le paysage paritaire français. L’idée d’un « sommet social de rentrée », avancée par le leader de la CFDT, Laurent Berger, est d’ores et déjà écartée par son nouvel homologue patronal. « Je préfère qu’on se voie entre partenaires sociaux pour établir un premier diagnostic économique sur le travail et l’évolution du contrat de travail », indique Geoffroy Roux de Bézieux. La question des négociations de branches sur les contrats courts (qui doivent s’achever fin 2018) risque de constituer l’épreuve du feu pour le successeur de Pierre Gattaz. Dans son entourage, on évoque déjà le nom de Claude Tendil (président de Generali IARD et actuellement en charge du dossier des retraites au Medef) pour piloter le futur pôle social du mouvement.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre