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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 09.07.2018 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Peut-on se défaire desfausses rumeurs ?

Dans la fiche de poste du parfait DRH, aux côtés de la gestion des négociations collectives, la politique de rémunération et le recrutement, pour ne citer que quelques-unes de leurs missions, il y a aussi le rôle d’extincteur des fausses informations et autres rumeurs.

Ce qu’on appelle désormais les « fake news »

ne fleurissent pas uniquement sur les réseaux sociaux et ne concerne pas uniquement quelques adolescents crédules en proie aux théories du complot. Le monde de l’entreprise est lui aussi plein de bruits de couloir qui bruissent, allant de la supposée liaison adultérine entre deux salariés à la rumeur d’un plan de licenciement secret à venir. Les fausses informations peuvent faire des dégâts importants dans l’entreprise, à titre individuel et collectif, si bien que les DRH ne peuvent pas les prendre de haut et se doivent de les démentir fermement.

Mais se débarrasse-t-on facilement d’une fausse rumeur ?

Suffit-il de rétablir la vérité avec des chiffres et des faits à l’appui pour l’effacer ? Jonas De keersmaecker et Arne Roets, chercheurs à l’université de Gand, en Belgique, se sont posé la question. Ils publient les résultats de leur étude dans la revue Intelligence*.

Les deux chercheurs

ont recruté 390 participants sur Internet, ont mesuré leurs capacités cognitives et les ont répartis dans deux groupes. Chaque participant devait lire la description d’une infirmière travaillant dans un hôpital. Dans le premier groupe, il était indiqué dans la description que cette femme avait volé des médicaments sur son lieu de travail pour les revendre. Dans le second groupe, le groupe contrôle, cette information n’apparaissait pas ; l’infirmière n’était accusée d’aucun méfait. Après leur lecture, les participants devaient noter l’infirmière selon plusieurs critères.

Dans un second temps,

il fut signalé aux participants du premier groupe que les accusations dont était victime l’infirmière étaient fausses. Les participants étaient à nouveau invités à lire la description et à évaluer cette salariée. La plupart des participants ont alors réévalué leurs jugements à son égard, la notant globalement de la même façon que les participants du groupe contrôle qui, eux, n’avaient jamais été au courant de la fausse rumeur sur son compte. Toutefois, les participants ayant une capacité cognitive plus faible continuèrent de juger plutôt négativement cette infirmière. Ils semblèrent moins sensibles que les autres à la correction de la fausse information qui leur avait été donnée au départ. Ils eurent plus de mal à ajuster leur jugement après rectification de l’accusation sans fondement ; ils restèrent influencés par la fausse information.

Cette expérience

indique ainsi que, même face à un démenti clair, il est probable que certains salariés, a priori ceux sur les postes les moins qualifiés, auront du mal à se défaire totalement de la fausse rumeur à laquelle ils avaient été initialement confrontés. Dans leur rôle de déminage des « fake news », les DRH ne peuvent donc pas se contenter de rétablir la vérité en comptant sur la rationalité des salariés pour l’intégrer. Ils doivent aussi s’assurer que le message est bien passé et a chassé les fausses informations d’hier.

* Jonas De keersmaecker et Arne Roets, “Fake news” : Incorrect, but hard to correct. The role of cognitive ability on the impact of false information on social impressions, Intelligence, vol. 65, November 2017, pp. 107-110.0

Auteur

  • Denis Monneuse