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Sur le terrain

QVT : La Société générale reconnaît le droit à l’erreur

Sur le terrain | publié le : 02.07.2018 | Dominique Perez

En inscrivant le droit à l’erreur dans le dernier accord sur la qualité de vie au travail, signé le 8 juin dernier, la Société générale introduit une notion jusqu’alors bien peu présente dans un univers bancaire où le spectre de la faute hante souvent les couloirs…

Il est déjà présent dans l’ANI (Accord national interprofessionnel) relatif à la santé et à la sécurité au travail du 19 juin 2013, qui l’associe au « sentiment de bien-être au travail, qui englobe également et entre autres l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, (…) l’égalité (…) », le « droit à l’erreur accordé à chacun » est cependant évoqué dans une version plutôt « soft » par la Société générale, qui insiste avant tout sur sa valeur d’apprentissage et n’est bien entendu pas une porte ouverte à tous les manquements… « L’entreprise souhaite s’engager dans une démarche de management positif de l’erreur, stipule le texte, reconnaissant que si elle n’est pas intentionnellement provoquée et ne résulte pas d’une légèreté blâmable, une erreur fait partie intégrante du processus d’apprentissage des missions professionnelles, et est source d’amélioration, voire d’innovation. » Sa prise en compte est ainsi introduite dans les missions des managers, qui « seront sensibilisés à ce droit afin de prendre en considération le contexte professionnel dans l’appréciation de l’erreur, et d’accompagner les collaborateurs dans l’exercice de leur mission afin qu’ils apprennent de leurs fautes ».

Pour la CFDT, signataire de l’accord avec la CFTC et le SNB (Syndicat national de la banque et du crédit, affilié à la CFE-CGC), il s’agit « d’une avancée au même titre que la prise en compte de la charge de travail dans les projets de transformation, estime Monique Motsch, déléguée syndicale CFDT de la banque. Nous avons signé parce que le texte globalement va plus loin que l’accord d’il y a trois ans ». Mais pas autant que souhaité, notamment sur la définition de la cause des erreurs possibles : « Nouvelles réglementations bancaires, baisse des effectifs, augmentation de la charge de travail dans les services centraux comme dans le réseau… provoquent un stress qui peut conduire à commettre des erreurs, souligne-t-elle. Ce droit aurait dû être plus clairement défini. On parle d’impulser une dynamique d’apprentissage, mais que fait-on pour corriger les erreurs et anticiper les risques ? De plus, il n’est pas prévu d’obligation de résultat pour la direction. » L’observatoire de la QVT mis en place par la banque devra prochainement définir des indicateurs de suivi. Pour Colin Pascal, délégué national adjoint de la CFTC, les changements des métiers, de la réglementation et de l’organisation du travail rendent justement ce droit à l’erreur d’actualité. « La banque est dans une phase de transformation importante, avec une obligation de développement des compétences, d’une polyvalence des salariés et d’une grande mobilité fonctionnelle… dans ce contexte, vous ne pouvez pas ne pas faire d’erreur. Or cela peut avoir des conséquences graves… J’ai vu des situations où un salarié dissimulait une faute qu’il avait faite, ou en faisait une plus grosse encore en voulant rattraper la première, ce qui peut aller très loin… On aurait pu pousser davantage dans la définition des erreurs concernées, mais au moins cela peut contribuer à faire changer l’état d’esprit… et marque une volonté réelle de faire évoluer les mentalités. »

Idée dans l’air du temps, en référence à un monde anglo-saxon qui le reconnaît plus volontiers, la reconnaissance du droit à l’erreur pourrait également, selon le délégué syndical, mieux convenir qu’un management par la sanction à une nouvelle génération de salariés que l’on souhaiterait plus fidèles… Reste à introduire, notamment dans les parcours de formation des managers, ce nouveau mode de gestion des salariés, pas encore ancré dans les mœurs managériales de la majorité des entreprises.

Auteur

  • Dominique Perez