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Guerre commerciale : Menace sur l’emploi au Canada

L’actualité | publié le : 02.07.2018 | Ludovic Hirtzmann

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Guerre commerciale : Menace sur l’emploi au Canada

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

L’imposition de droits de douane sur l’acier et l’aluminium par les États-Unis est vécue comme une grande source d’inquiétude par les entreprises canadiennes, Ottawa étant très dépendant économiquement de Washington. La guerre commerciale pourrait laisser des traces importantes sur le front de l’emploi.

La hache de guerre est déterrée. Les belligérants ? Ce sont les États-Unis et le Canada. Washington a tiré le premier en imposant depuis le 1er juin des surtaxes douanières de 25 % et de 10 % sur l’acier et l’aluminium du Canada. Troisième producteur mondial d’aluminium, ce dernier est fortement impacté. Et particulièrement le Québec, où se trouvent les grandes alumineries. Depuis la mise à exécution des menaces de Donald Trump, le mot licenciement est sur toutes les lèvres, même s’il est encore trop tôt pour mesurer l’impact réel. Plus de 75 % des exportations canadiennes vont vers les USA, dont, bon an mal an, 16 milliards de dollars d’acier et d’aluminium. Sauf cessation des hostilités entre les deux pays, des licenciements sont inévitables.

Au Saskatchewan, le producteur d’acier Evraz, qui compte plus de 1 000 salariés et est l’un des grands employeurs de cette immense province d’un million d’habitants, fait partie des inquiets. Le président du syndicat de l’entreprise, l’United Steelworker, Mike Day, a confié au quotidien local The Saskatoon Starphenix : « C’est difficile de ne pas s’inquiéter. Ils [les employés d’Evraz] vont faire leur travail, mais la question est : que va-t-il se passer dans un proche avenir ? ». Les syndicats se demandent à quelle sauce leurs adhérents vont être mangés. « Cette escalade devient de plus en plus dangereuse », a pour sa part déclaré le président de la branche québécoise du syndicat Unifor, John Caluori. Dans une entrevue à Radio-Canada, le chercheur de l’université de Toronto Peter Warrian, spécialiste des questions sur l’acier, a coupé court à tout espoir : « L’acier est commandé sur un cycle de six semaines, donc nous allons certainement voir des répercussions d’ici six semaines », avant de préciser qu’une reconversion de l’industrie dans un autre secteur est impossible à moyen terme : « Vous ne pouvez pas transformer les aciéries en une journée, ce sont des projets qui prendraient de trois à cinq ans ». Tous les secteurs d’activité canadiens peuvent être potentiellement touchés, mais outre l’acier et l’aluminium, le bois d’œuvre, l’automobile et la construction sont les plus fragiles. « Plusieurs entrepreneurs sont inquiets et avec raison, puisque certains de nos membres nous ont avisés que les prix de certains matériaux ont déjà augmenté de 20 % à 40 %. Cela aura certainement un impact sur les coûts de construction et ultimement, sur les prix de revente aux consommateurs », souligne ainsi le président de l’Association de la construction du Québec, Francis Roy.

Représailles

Le gouvernement québécois a pour sa part décidé de soutenir les alumineries, avec un fonds d’aides constitué de 100 millions de dollars. Lorsque Donald Trump parle d’imposer des droits de douane sur l’automobile, il ne vise pas que l’Allemagne et le Japon, mais bien aussi le Canada. Plus de 125 000 Canadiens sont salariés dans les usines d’assemblage de Ford ou General Motors de l’Ontario. 96 % des exportations de voitures du Canada vont vers les États-Unis. Et comme les échanges entre les deux pays sont déséquilibrés dans ce secteur, en faveur d’Ottawa, Donald Trump ne devrait pas lâcher prise. « Ces droits de douane sont inacceptables […] et donc nous répondons », a tonné Justin Trudeau pour justifier des mesures de représailles commerciales canadiennes contre les États-Unis. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a précisé que les restrictions sur « les importations d’acier, d’aluminium et d’autres produits des États-Unis atteindraient) un montant allant jusqu’à 16,6 milliards de dollars ». Les Canadiens ont ciblé des produits américains populaires. Le ketchup, les pizzas, le whisky et les chocolats de l’oncle Sam seront surtaxés. Des volailles en passant par les friandises, Ottawa veut faire mal à l’industrie alimentaire américaine. D’autres marchandises, tels les stylos, les bateaux ou les machines à laver, sont aussi dans le viseur des Canadiens. Autre mesure de rétorsion, les Canadiens ont créé le hashtag Buy Canadian pour encourager le patriotisme commercial. C’est promis, point de sirop d’érable américain, mais seulement du Canadien !

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann