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Temps de travail : PSA de Vesoul renonce aux 35 heures, mais pas sans compensations

L’actualité | publié le : 25.06.2018 | Mathieu Noyer

Le site logistique du constructeur a conclu un texte pionnier des accords de performance collective. Le temps de travail augmente de 2 h 45 par semaine et plusieurs dispositions atténuent le différentiel avec la hausse moindre de salaire.

L’accord de performance collective trouve un premier terrain majeur d’application à Vesoul (Haute-Saône). Le site local de PSA Peugeot Citroën en a signé un exemplaire jeudi dernier. Il augmente le temps de travail de 7,8 %, soit 33 minutes par jour qui aboutissent à 37 h 45 hebdomadaires. La rémunération des 2 800 salariés augmente également, mais moins : + 3,1 %. L’accord collectif est signé pour cinq ans à partir de l’automne prochain avec une clause de revoyure annuelle et la constitution d’un comité de suivi paritaire. Il est « bien local », insiste la direction du constructeur automobile, pour souligner qu’il répond à une problématique spécifique et respecte ainsi l’esprit de la loi du 29 mars de ratification des ordonnances Macron. Vesoul ne produit pas de voitures, il s’agit d’un centre de dimension mondiale de stockage et traitement de pièces détachées. « Nous sommes de ce fait en concurrence, forte, avec le monde de la logistique et avons besoin d’augmenter notre compétitivité », appuie la direction locale.

Pérenniser le site

Face à ce discours, les organisations syndicales locales se sont réparties en deux camps. La CGT a occupé seule celui du non, dénonçant du « travail gratuit » et un « précédent dangereux » risquant de se propager aux autres usines du groupe, selon Franck Guénot, élu du syndicat au CSE. Les trois autres organisations représentatives, qui ont cumulé 79 % des voix aux dernières élections du site, ont signé. Non sans poser des conditions centrées sur des primes complémentaires pour FO, des embauches et des investissements pour la CFTC et la CFE-CGC. Au bout de près de quatre semaines de négociations, « nous avons un texte qui pérennise le site, protège les salariés et leurs salaires, et qui répartit l’effort de compétitivité entre le personnel et l’entreprise », juge Thierry Pagot, délégué CFE-CGC.

Le site, en effet, s’engage à procéder à au moins 80 embauches en CDI en trois temps jusqu’à 2020, à investir environ 20 millions d’euros et à ne plus externaliser d’activités. La revalorisation ferme a été légèrement remontée par rapport aux 2,86 % de départ, en ajoutant à une hausse de base une majoration de 10 % des heures en plus jusqu’à 37 h 45. Autres évolutions par rapport à l’intention initiale de la direction, il introduit deux primes d’un total de 200 euros bruts, une ferme et une conditionnelle, et relève à 40 % la majoration de la seconde tranche éventuelle d’heures supplémentaires qui va jusqu’à 43 heures.

Pas de licenciement automatique

Le texte introduit une inflexion par rapport à la nouvelle règle des accords de performance collective : le refus d’un salarié de suivre ne déclenchera pas son licenciement pour cause réelle et sérieuse. L’intéressé accédera aux mesures de départs volontaires de PSA prévus dans son DAEC (Dispositif d’adéquation des emplois et compétences) et s’il n’y est pas éligible du fait qu’il occupe un métier « en tension », il pourra bénéficier d’une « mobilité intersites », la mutation dans une autre usine PSA. « La proposition est tout à fait sérieuse, les postes disponibles existent, sinon nous ne l’aurions pas introduite », souligne la direction locale. De fait, Vesoul est – relativement – proche des usines de Sochaux et Mulhouse qui tournent à plein régime.

Auteur

  • Mathieu Noyer