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Le salarié au cœur de l’organisation du travail

Le point sur | publié le : 11.06.2018 | Nathalie Tran

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Le salarié au cœur de l’organisation du travail

Crédit photo Nathalie Tran

L’autonomie, la reconnaissance, le droit à l’erreur, le sens donné au travail, sont autant d’éléments nécessaires à l’épanouissement des salariés, à leur engagement… et à la compétitivité des entreprises. Des leviers qu’elles intègrent peu à peu dans leur démarche de QVT.

On n’a jamais autant parlé de QVT. L’avènement du numérique, mais aussi la difficulté à recruter des talents, obligent les entreprises à repenser leurs modes d’organisation et à se montrer plus attentives aux besoins de leurs collaborateurs. Mais qu’est-ce que la qualité de vie au travail ? Avoir une crèche d’entreprise ? Bénéficier de séances de méditation en pleine conscience ? Pouvoir télétravailler deux jours par semaine afin de réduire la fatigue occasionnée par les transports ? La notion est subjective, évolutive, et parfois difficile à cerner pour les entreprises.

Si l’on se réfère aux termes de l’accord national interprofessionnel du 19 juin 2013, relatif à la qualité de vie au travail, celle-ci doit « concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale de l’entreprise ». « La QVT vise d’abord la qualité du travail et les conditions dans lesquelles il s’effectue, elle doit être différenciée du bien-être au travail. Mettre à la disposition des salariés des services tels que des conciergeries est une bonne chose, mais ces actions restent des à-côtés. Toutefois si certaines entreprises sont encore trop centrées sur la recherche du bien-être, la prise de conscience du lien entre conditions de travail et performance durable progresse aujourd’hui, se félicite Olivier Mériaux, directeur technique et scientifique à l’Anact (Association nationale des conditions de travail). »

Des principes essentiels et partagés

Les derniers accords qui ont été conclus montrent que la qualité de vie au travail permet aux signataires de réaffirmer leur engagement sur des sujets comme l’égalité entre les femmes et les hommes, l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, ou la prévention du stress et des risques psychosociaux. Mais aussi de traiter de nouvelles thématiques, telles que le travail à distance et le télétravail, les incivilités ou le droit à la déconnexion. Elle leur offre enfin l’opportunité de revisiter leur façon de travailler et d’aborder des questions comme l’autonomie, le sens donné au travail, le droit à l’erreur… « La démarche de QVT doit rendre le travail plus humain », souligne Sybille Persson, docteur en sciences de gestion de l’université de Lorraine. L’accord de la Macif, du 29 mars 2018, illustre cette approche de la QVT qui, selon le texte, doit reposer sur « les principes essentiels, connus et partagés », tels que la confiance, la reconnaissance, l’autonomie et la participation des salariés.

Le Moi participe à un tout

C’est avant tout sur le terrain de l’organisation du travail qu’elle se joue. « Il a fallu leur faire comprendre que le Moi participe à un tout, afin d’amener nos collaborateurs à trouver de nouvelles manières de travailler ensemble, plus agréables à la fois au niveau personnel et collaboratif. Les salariés ont tendance à voir d’abord leur situation individuelle », constate Marc Leblanc, DRH chez Icade. Pour que sa démarche de QVT soit participative et concertée, la société immobilière a mis en place des groupes de travail réunissant des collaborateurs et des managers. « Nous leur avons demandé de définir la qualité de vie au travail, ce qu’elle était chez Icade, et ce qui pouvait être amélioré », précise-t-il.

Un travail qui a participé au projet de transformation de l’entreprise, incluant le déménagement du siège social à Issy-les-Moulineaux dans des locaux flambant neufs, destinés à stimuler la transversalité et l’efficacité entre équipes. Les bureaux individuels ont cédé la place à une palette d’espaces collectifs que chacun choisit en fonction de ses besoins : salle de réunion, bulles de confidentialité, espace de visioconférence, lieux de détente… À commencer par les membres de la direction, censés montrer l’exemple.

Cette nouvelle forme d’organisation du travail, ou « NewWays of Working » (NWoW), a déjà séduit un certain nombre d’entreprises dont Axa ou Bouygues immobilier. Le concept, inspiré du modèle start-up, repose sur l’autonomie, l’agilité, la créativité et favorise la flexibilité des horaires. Il induit aussi une nouvelle vision du management, centré sur l’épanouissement personnel des collaborateurs et la performance de l’entreprise… où QVT et bien-être se rejoignent.

Le droit à la déconnexion s’invite dans les accords QVT

Afin de mieux respecter les temps de repos et de congés mais aussi la vie personnelle des salariés, la loi Travail a introduit le droit à la déconnexion. Un sujet que les entreprises doivent désormais prendre en compte dans leurs négociations avec les partenaires sociaux, et qu’un certain nombre d’entre elles intègrent à présent dans leurs accords sur la QVT. C’est le cas d’Axa RSG. Dans son accord du 20 décembre 2017, le groupe d’assurances propose un guide de bonnes pratiques numériques, dont l’affichage d’une fenêtre sur l’écran de l’ordinateur du collaborateur l’invitant à respecter ses temps de repos et ceux des autres, ou l’utilisation des fonctions d’envoi différé des e-mails les soirs ou le week-end. L’accord QVT signé par Manpower, le 9 février 2017, pose, quant à lui, le principe que le salarié est présumé ne pas avoir accès à ses e-mails en dehors de son temps de travail et mise sur « l’exemplarité managériale, tant dans le discours que dans les actes » pour garantir ce droit à la déconnexion. Enedis, en revanche, a préféré signer un accord collectif d’entreprise portant spécifiquement sur la mise en œuvre d’un droit à la déconnexion « maîtrisée ». Le distributeur d’électricité entend déployer une approche pédagogique, responsabilisant salariés et managers, afin de concilier qualité de vie et efficacité au travail mais aussi de préserver l’équilibre des temps. L’accord propose une série de fiches pratiques permettant aux collaborateurs de réguler leurs usages numériques.

Auteur

  • Nathalie Tran