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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 11.06.2018 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Le travail est-il bon pour la santé ?

La réponse que les chercheurs en sociologie et en ressources humaines

proposent habituellement à cette question sur le lien entre travail et santé est la suivante : travailler est bon pour la santé jusqu’à un certain point, puis devient néfaste. Autrement dit, il serait bon de travailler, mais avec modération, en évitant les excès de temps de travail. En effet, le travail apporte généralement des éléments positifs (une identité sociale, un sentiment d’utilité, un minimum de vie sociale, un cadre de vie structurant…). Mais un temps de travail démesuré découle aussi souvent sur des soucis de santé physique, relationnelle et psychologique : fatigue voire burn-out, vie sociale limitée, addictions, etc.

Trois chercheurs, Lieke Ten Brummelhuis, Nancy Rothbard et Benjamin Uhrich

ont voulu en savoir plus sur l’impact d’excès de travail, en prenant soin de distinguer deux phénomènes quelque peu différents : le fait d’avoir un temps de travail élevé et le fait d’être workaholic, c’est-à-dire de développer une dépendance au travail, de travailler de manière compulsive. Pour mesurer les effets de ces deux pratiques sur la santé, ils ont utilisé des biomarqueurs indiquant le risque de maladies cardiovasculaires. Ils ont aussi pris en compte l’engagement et la satisfaction au travail des 763 salariés sur lesquels repose leur étude. Leurs conclusions ont été publiées récemment dans la revue Academy of Management Discoveries. Qu’apprend-on à la lecture de cet article ?

Tout d’abord,

contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, nos trois chercheurs n’ont pas trouvé de lien significatif entre le fait de travailler beaucoup et le risque de maladies cardiovasculaires. Voilà qui devraient rassurer les travailleurs qui ne comptent pas leurs heures.

En ce qui concerne le lien

entre workaholisme et dégradation de la santé physique, il existe bel et bien, mais il est plus complexe que ce que l’on aurait pu croire. Il apparaît que les workaholiques présentent des risques de santé importants quand leur engagement au travail est faible, mais au contraire des risques plus limités quand leur engagement au travail est très élevé.

Plus précisément,

les workaholiques voient leur bien-être diminuer du fait de symptômes tels que l’insomnie et les épisodes dépressifs, sachant que ces symptômes nuisent à leur tour à la santé physique. Toutefois, ceux qui sont très engagés et prennent plaisir au travail disposent de ressources pour faire face à ce processus de dégradation du bien-être. L’engagement et la satisfaction au travail jouent alors un rôle de protection par rapport aux soucis de santé.

Il ne s’agit pas de conclure

que les DRH ne devraient plus être préoccupés pour la santé des collaborateurs qui ne comptent pas leurs heures, d’autant que cette étude se focalise sur la santé physique, pas la santé mentale et relationnelle. En revanche, ils devraient s’assurer que les salariés de leur entreprise qui travaillent beaucoup le font avec enthousiasme et non pas parce qu’ils présentent une addiction au travail et qu’ils tentent ainsi, sans nécessairement y trouver un réel plaisir, d’oublier leurs soucis personnels.

Auteur

  • Denis Monneuse