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Équipicides

Chroniques | publié le : 04.06.2018 |

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Équipicides

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Philippe Détrie La maison du management

C’est fou comme il est facile de tuer le travail d’équipe. Nombreuses sont les critiques entendues quand vous voulez vous mettre à plusieurs autour d’une table.

1. Je travaille plus vite tout seul.

2. Qui dois-je inviter dans mon groupe ?

3. Je ne m’entends pas avec tel ou tel, je n’ai aucune envie de m’asseoir à côté de lui.

4. C’est vraiment compliqué à organiser : agendas, décalages horaires, temps disponible, animation…

5. Tout le monde est venu à la première réunion, et puis c’est parti en capilotade.

6. Cela n’est pas une priorité de l’entreprise, c’est de l’incantation. D’ailleurs, nos primes sont individuelles et dès que les résultats ne sont pas livrés, on revient au chacun pour soi.

Que répondre à ces équipicides ?

1. C’est souvent vrai au premier abord. Mais pour que votre solution soit adoptée, il est préférable d’associer les personnes qui seront impactées. Cela prend plus de temps à la conception, mais que d’économie de temps et d’énergie et que de dynamique gagnées ! C’est le principe du processus décisionnel du ringi au Japon.

2. N’invitez que des personnes dont vous pensez qu’elles seront utiles à l’objectif de la réunion. Certaines entreprises meurent de réunionite, votre indicateur sera le nombre de fois que chacun consultera son smartphone.

3. Napoléon III disait : « On subit sa famille, on choisit ses amis. » Pas grand-chose à ajouter, faites preuve de psychologie positive. J’ai été souvent surpris de la qualité des avis de participants que je ne considérais pas au départ comme des personnes clés. L’inconvénient du travail en groupe est qu’il peut vous faire changer d’avis !

4. Oui c’est compliqué ! La bonne volonté arrange beaucoup. Si elle est absente, le mieux est de rencontrer l’interlocuteur et de ne pas le contraindre. Si vous êtes l’animateur, le professionnalisme doit vous guider : tenue des horaires, méthode de travail, rythme, rôle et implication de chacun, tour de table, liberté d’expression, reformulation, CR en temps réel… Tout ceci s’apprend.

5. La participation aux réunions fixées ensemble constitue aussi un excellent indicateur de l’intérêt que les personnes portent à votre travail collectif. On sait bien que pour faire capoter un projet, il suffit d’espacer les réunions.

6. Nous militons vraiment pour un intéressement collectif. Trouvez-vous des sponsors, des soutiens. L’échec d’un projet tient le plus souvent, non pas de la présence d’opposants (inévitables dès qu’on change l’ordre établi), mais de l’absence d’alliés.

L’arithmétique de l’esprit d’équipe

Au-delà de ces équipicides, un diagnostic avec les quatre opérations de base permet d’identifier les stratégies à adopter pour créer un terreau favorable.

Le travail d’équipe demande du temps, de la méthode et de la discipline. Pas facile de confronter les points de vue, d’éviter la pression de la conformité qui affaiblit la créativité, d’adopter une solution optimale donc imparfaite… Et si vous ne vous en sortez pas, n’oubliez pas l’humour. Vous pouvez toujours reprendre la sentence d’un de mes amis : « Pour décider, il faut être un nombre impair ; et comme trois, c’est déjà beaucoup… »