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Transformation : PME apprenante : l’exemple STLI

Le point sur | publié le : 28.05.2018 | Benjamin d’Alguerre

En cinq ans, la société Stockage transformation logistique industriel (STLI) a mené sa mutation vers l’entreprise apprenante en mobilisant ses salariés dans une démarche générale d’intelligence collective. Challenge réussi pour cette PME lyonnaise d’une trentaine de salariés.

La transformation d’une entreprise en société apprenante n’est pas qu’un luxe réservé aux seuls grands groupes. STLI (Stockage Transformation Logistique Industriel), une PME de Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, est parvenue à accomplir sa mue apprenante en cinq ans. Sans service RH, sans recours à des consultants extérieurs, sans grand plan de digitalisation, cette petite boîte de 30 salariés spécialisée dans la fabrication et l’entretien de câbles industriels pour engins de chantier, fondée en 2000 par la famille Pluchot, est passée du statut de PME lambda à celle d’écosystème « apprenant et responsabilisant », comme l’explique Julie Pluchot, aujourd’hui coach RH spécialisée dans les organisations apprenantes mais qui, à l’époque de la mutation de l’entreprise, codirigeait STLI aux côtés de son père. En 2013, la transformation de ce sous-traitant lyonnais relevait d’une question de survie, puisque près de 50 % de son chiffre d’affaires (7 millions d’euros) reposait sur les commandes d’un seul donneur d’ordres, un fabricant de grues nord-américain. « Qu’allait-il arriver le jour où ce contrat allait s’arrêter ? Comment pérenniser l’entreprise ? Ce sont les questions que nous nous posions en 2013 », se souvient Julie Pluchot. Une interrogation d’autant plus prégnante que l’époque était marquée par l’émergence de concurrents asiatiques sur ce même marché. Faire évoluer le modèle de STLI s’imposait donc. Pas facile cependant dans un cadre marqué par l’absence de direction des ressources humaines et sans représentation du personnel avec laquelle dialoguer pour la mise en place du changement. Une évidence s’est cependant imposée à la direction : « Il était indispensable d’associer les salariés à nos réflexions afin de leur permettre de se projeter dans l’avenir. C’est le premier acte symbolique qui a marqué le processus de mutation », explique l’ancienne codirigeante.

Pas de modèle prédéfini

Ont suivi trois années de brainstorming à la fois destinées à « explorer la raison d’être de l’entreprise » et à définir une stratégie du changement. Toujours en y associant les salariés – dont en premier lieu les cadres – sur la base du seul volontariat de ceux-ci. Avec, à partir de mai 2015, la mise en place d’ateliers et de séminaires voués à repenser la structure et à repositionner STLI selon les modalités d’une démarche basée sur l’intelligence collective. « La direction n’est pas arrivée avec des propositions déjà formulées ou un modèle défini à l’avance. Rien n’a été vendu aux salariés dès le départ. Il n’y avait qu’une page blanche que nous avons écrite ensemble », se rappelle Julie Pluchot. En 2016, patatras ! Le moment tant redouté arrive en même temps que la lettre du fameux client d’Amérique du Nord qui annonce à STLI son intention de cesser sa collaboration avec elle à un horizon de deux ans. Panique à bord ? Pas vraiment, à en croire l’ancienne dirigeante de l’entreprise : « Une culture d’apprenance et de résilience s’était développée. Les salariés étaient prêts à accepter tous les scénarios possibles : accompagner l’évolution de l’entreprise, la quitter immédiatement, négocier un départ à long terme… » Aujourd’hui, STLI, qui compte 25 salariés, n’est pas complètement tirée d’affaire puisque l’expiration du contrat arrive à échéance en décembre 2018. Paradoxalement, cette perte pourrait constituer l’amorce d’un nouveau départ, affirme Julie Pluchot. « Perdre ce client rentabilise l’entreprise et la rend viable : lorsque nous étions sous-traitants exclusifs, nous ne nous développions pas, nous manquions d’air. Maintenant, STLI est en mesure de devenir experte sur son métier et des partenariats sont envisagés avec d’autres PME pour mener des projets en intelligence collective », annonce-t-elle. D’ailleurs, même sur le site Internet de STLI, toute référence à la notion « d’entreprise » a disparu pour céder la place à celle de « collectif ». Tout un symbole.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre