Le TalanCoin fait des adeptes. Plus d’un tiers des collaborateurs ont déjà créé un compte afin d’utiliser la monnaie interne, déployée dans l’ensemble du groupe depuis le mois de janvier. Une monnaie virtuelle, basée sur la technologie blockchain, que les salariés peuvent échanger entre eux via une application. « Une liberté totale leur est laissée quant aux motifs de transferts », explique Hugo Catherine, directeur des ressources humaines du groupe. L’application leur propose toutefois quelques suggestions : animer un événement interne, publier un article ou apporter des croissants le matin à son équipe, par exemple, peut permettre de gagner un peu d’argent maison. L’action doit être positive et, plus largement, être créatrice de valeur.

La monnaie interne peut aussi être convertie en avantages. Avec leur pactole, les salariés peuvent soit bénéficier d’une formation proposée par le Campus Talan, soit acheter des goodies tels qu’une clé USB, un mug ou une pochette Ipad estampillés au logo de l’entreprise dans la TalanCoins shop. Ils peuvent également faire un don à une association humanitaire, partenaire de l’entreprise. À ce jour, 250 conversions ont eu lieu, réparties à peu près équitablement entre le Campus Talan et la TalanCoins shop.

Chaque collaborateur dispose au départ d’un crédit de 100 TalanCoins. Mais la monnaie est fondante : s’il ne dépense pas l’argent qu’il a reçu au bout d’un mois, ce dernier perd 1 % de la somme gagnée. Le montant prélevé est alors ré-injecté dans le système, l’objectif étant d’inciter chacun à utiliser, échanger ou dépenser sa cryptomonnaie. Enfin, ceux qui se portent volontaires pour animer une communauté d’experts, comme celle des Chiefs happiness officers par exemple, se voient attribuer un portefeuille d’équipe, crédité à hauteur de 1 000 TalanCoins, afin de rémunérer les personnes qui participent aux actions du groupe.

Le projet, initié par des collaborateurs venant d’équipes transverses, des ressources humaines au développement d’applications, a été soutenu dès le début par la direction qui leur a donné carte blanche. Pour le spécialiste du conseil en transformation digitale, la création d’une monnaie interne est apparue comme un moyen de renforcer son expertise dans le domaine de la blockchain mais aussi d’expérimenter une nouvelle façon de collaborer en interne, plus transverse, et d’affirmer une « horizontalité » au sein de l’organisation, amenée à être de plus en plus agile. « Le TalanCoin s’inscrit dans l’ADN même du groupe en illustrant l’intelligence collective, l’esprit entrepreneurial, l’agilité et la proximité. Les collaborateurs impliqués dans le projet ont pu monter en compétences et devenir de réels experts de la technologie blockchain », résume le DRH. Surtout, le projet est né de la volonté de « créer du lien » entre les 2 000 salariés du groupe, dont la plupart passent l’essentiel de leur temps en clientèle dans des entités situées sur les quatre continents et de « développer un sentiment d’appartenance à l’entreprise, quelle que soit la localisation et la business unit », souligne Hugo Catherine. Un véritable enjeu pour le DRH, d’autant que Talan a recruté 600 personnes en 2017 et prévoit encore près de 900 nouvelles embauches en 2018, pour accompagner sa croissance.

Depuis le début de l’année, plus de 60 000 TalanCoins ont été échangés entre les 700 titulaires de comptes. Ce qui pour le pilote du projet, qui scrute « au fil de l’eau » la façon dont les collaborateurs s’approprient le nouvel outil, est un indicateur clé de réussite : « ce qui nous intéresse c’est la notion de flux. La moitié des transferts a été réalisée pour le « fun » ou pour remercier un collègue. Les collaborateurs se sont emparés du TalanCoin comme d’un outil de feedback positif. Nous ne sommes pas dans une logique de substitution, mais bien dans une logique de gamification », remarque Hugo Catherine qui anticipe déjà le développement du système : « Nous avons lancé une version simple d’usage qui aujourd’hui permet seulement de donner, recevoir ou convertir des TalanCoins. Mais à l’avenir, les salariés qui sont à l’initiative d’un projet pourraient aussi faire des levées de fonds via l’application, auprès de leurs collègues. Cela pourrait être une évolution possible. »