Sommes-nous des drogués, accros aux usages compulsifs de la consommation, de l’argent ou des écrans ? Et comment dès lors penser l’émancipation aujourd’hui, revendiquée en mai 1968 ? Dans cet essai insolite, le sociologue Patrick Pharo tente de répondre par le cinéma ! Un miroir social de notre époque, dont le chercheur a fait sa méthode de travail. À travers un inventaire impressionnant d’une centaine de films, l’auteur décrypte cette fabrique à addiction du capitalisme contemporain « qui, outre une hyper-rationalisation, tend à capter toujours davantage les motivations individuelles ». D’où la difficulté, selon lui, à s’extraire de la récompense qu’il procure, comme une drogue… Culte de l’argent (L’Outsider, inspiré de l’affaire Kerviel), dépendance aux technologies envahissant jusqu’à la vie intime (Her), capture de la subjectivité (La Loi du marché), l’analyse critique est brillante et remarquablement argumentée. Que montre un film comme Moi, Daniel Blake sur la souffrance au travail aujourd’hui ? Que l’émancipation est devenue précaire, estime Patrick Pharo. Car « le management standardisé enserre les salariés ou les chômeurs dans un réseau toujours plus dense de dépendances indésirables, où ils cherchent à protéger leur intimité ». Le livre fait mouche sur les risques du numérique dans la société, et l’individualisation du capitalisme.