Les journées de travail perdues pour cause de grève en Espagne ont fortement augmenté en 2017, selon les chiffres rendus publics par le ministère du Travail et récemment commentés dans le quotidien El Pais. La progression, en effet, est de 53 % par rapport à l’année précédente. Mais surtout, ce qui est à noter, c’est la raison des grèves. Alors que, ces dernières années, les mouvements sociaux démarraient principalement en raison de licenciements, voire de fermeture d’usines ou d’entreprises, depuis l’an dernier, la raison essentielle des grèves est la volonté, de la part des syndicats, d’avoir de meilleures conditions de travail, et surtout, des augmentations de salaires. Une attitude « offensive » sur les salaires, relève El Pais, par rapport à une attitude « défensive » sur l’emploi auparavant. Une évolution qui reflète évidemment la sortie de crise de l’économie espagnole, durement touchée par la crise économique et financière de 2008.

Et les syndicats ne mâchent pas leurs mots. « Ou il y a répartition de la richesse et justice sociale, ou c’est le conflit social généralisé », a ainsi déclaré Unai Sordo, le « patron » des Commissions ouvrières (Comisiones Obreras, l’organisation syndicale la mieux implantée en Espagne, avec plus de 1 million d’adhérents), dans le cadre du grand rendez-vous du 1^er mai. « Cette année ne va pas se passer comme les précédentes, a averti de son côté Pepe Alvarez, de l’UGT (Union générale des travailleurs). Nous n’allons pas quitter la table des négociations tant que nous n’aurons pas obtenu des accords satisfaisants. » Pas étonnant qu’après les tensions de 2017, les mouvements sociaux redoublent, pour les mêmes raisons : l’augmentation des salaires, sévèrement rabotés durant la crise, depuis le début de cette année…