Faut-il étendre davantage la protection sociale face aux accidents de santé, au-delà du travail ? C’est l’opinion deux économistes de la santé, qui défendent ici plus de sécurisation des parcours : « Les dispositions actuelles, fondées sur une logique de compensation et de réparation, ne prennent pas assez en compte la complexité des interactions entre travail et chômage, accrue par le vieillissement de la population et l’allongement et la précarisation des trajectoires professionnelles », soutiennent-ils. À partir d’études, le livre met en lumière cette imbrication étroite. Les économistes rappellent le rôle majeur des conditions de travail (pénibilité, TMS) sur la santé des salariés. Mais ils montrent aussi qu’être malade réduit les chances de retrouver un emploi (cas très intéressant des cancers). Un cercle vicieux, d’autant que la précarité fragiliserait aussi : « En France, la survenue d’épisodes de précarité au cours de la vie – difficultés financières, période de chômage de plus de six mois et périodes d’isolement durables – est associée à des problèmes de santé deux fois plus fréquents », rapportent les auteurs. Faut-il en finir avec une logique de droits adossés en grande partie au statut de salarié, et donc sur les cotisations employeur ? Les auteurs le suggèrent plus qu’ils ne l’affirment, évoquant l’Assurance maladie universelle ou l’ANI de 2013 sur la portabilité de la mutuelle employeur jusqu’à un an de chômage. Sous un angle de performance économique, ce livre un peu froid donne à réfléchir. Y compris sur les aménagements du travail pour préserver la santé des salariés.