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Recrutement : Pourquoi le savoir-être est de plus en plus important

Le point sur | Le défi des compétences | publié le : 16.04.2018 | Lys Zohin

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Recrutement : Pourquoi le savoir-être est de plus en plus important

Crédit photo Lys Zohin

Alors qu’elles ont du mal à dénicher certaines compétences, les entreprises misent de plus en plus sur les capacités à apprendre, à s’adapter et à évoluer des candidats.

« Certaines compétences n’existent tout simplement pas sur le marché ! », s’exclame Agnès Lepine-Lozach, directrice de la stratégie marches et métiers chez Manpower. Ou alors, comme l’indique Anita Pouplard, du cabinet de chasseurs de têtes Boyden, de nouveaux métiers, qui émergent à la faveur de l’avènement de certaines technologies, telle l’intelligence artificielle, ne bénéficient pas, aujourd’hui en tout cas, d’une « profondeur de marché » assez forte pour qu’un vrai vivier de professionnels expérimentés existe…

Que faire alors, face à cette pénurie de savoir-faire ? « Les entreprises privilégient le potentiel des candidats », répond Agnès Lepine-Lozach. « Et elles misent sur le développement des collaborateurs, pour là aussi détecter les talents et les potentiels d’évolution, vers des métiers de dirigeants, par exemple », ajoute Anita Pouplard.

Partant de ce double principe, les entreprises ont donc besoin d’individus qui sauront apprendre rapidement pour acquérir les compétences manquantes, s’adapter à un nouvel environnement, surfer sur une nouvelle vague. Mais ce n’est pas tout. Dans un environnement de plus en plus impersonnel – connectique et robotique obligent –, elles veulent des candidats qui savent communiquer efficacement, avec leurs pairs ou des clients, de même que des managers qui puissent définir une vision pertinente, et, de façon générale, des collaborateurs qui aient la capacité de s’organiser, d’être autonomes, réactifs, solidaires, empathiques… Bref, ce dont les entreprises ont besoin, ce sont des individus dotés avant tout de « compétences comportementales », ce que les Anglo-saxons appellent des soft skills.

Des DRH français convaincus

Si cette notion est utilisée depuis les années 70 outre-Atlantique, lorsqu’elle est passée de l’armée à la vie de tous les jours, les Français l’ont découverte plus récemment, principalement à la faveur de la pénurie de compétences auxquelles les DRH sont confrontés. Et ils se sont rapidement convertis. De fait, selon une étude de Pôle emploi, publiée en mars 2018, pour 59 % des employeurs interrogés, le diplôme n’est pas – ou plus – « un critère essentiel ». Et pour 60 % d’entre eux, les compétences comportementales sont considérées comme « plus importantes que les compétences techniques ».

Un avenir « intense » en soft skills

D’autant que, au-delà du fait que métiers et carrières évoluent, nombre de spécialistes s’accordent pour dire que non seulement les compétences techniques ne sont rien si elles ne sont pas accompagnées de compétences comportementales, mais en plus, que ce savoir-être est plus difficile à acquérir que le savoir-faire. Autant dire qu’un candidat qui les a vaut de l’or ! Il ne faut pourtant pas désespérer… Souvent considérées comme innées ou acquises dès le plus jeune âge, les soft skills peuvent quand même se cultiver à un stade professionnel plus tardif. Ce qui est sûr, cependant, c’est qu’il faut s’y mettre dès maintenant, compte tenu des tensions dans de nombreux secteurs. Pôle emploi ne s’y est pas trompé, qui propose désormais des cours de savoir-être (20 000 personnes devraient bénéficier d’une telle prestation cette année et 80 000 l’an prochain), sans compter les formations, coaching et conseils qui fleurissent sur ce sujet en direction des entreprises. À raison. La filiale australienne du cabinet de conseil Deloitte n’a-t-elle pas estimé que d’ici 2030, les deux tiers des emplois nécessiteront un usage intense des soft skills ? Nul doute que cela vaut pour d’autres économies…

Auteur

  • Lys Zohin