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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 09.04.2018 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Un bon manager est-il un peu, beaucoup ou extrêmement intelligent ?

Dans les critères mis en avant

dans les petites annonces d’offres d’emploi, il est rare qu’une entreprise précise qu’elle souhaite recruter des candidats intelligents. Ce critère semble aller de soi, en particulier lorsqu’il s’agit d’embaucher dans les catégories professions intellectuelles et cadres. Un des rôles des tests psychotechniques utilisés dans les processus de recrutement vise à en savoir plus sur la personnalité des candidats, mais aussi sur leur niveau d’intelligence. Le grand classique consiste à mesurer le sens logique des candidats à travers une série de chiffres ou de figures à compléter. Quand on parle d’intelligence, on pense bien entendu au fameux QI (quotient intellectuel), bien qu’il y ait en réalité différents types d’intelligence : l’intelligence spatiale, relationnelle, émotionnelle, logico-mathématique, etc.

Mais est-il vraiment bien nécessaire d’être intelligent pour être un bon manager ?

A priori oui puisqu’être intelligent aide à grimper les échelons hiérarchiques. Toutefois, la réponse mérite d’être plus nuancée. On sait que certains surdoués ont parfois du mal à s’adapter, notamment parce qu’ils ne comprennent pas que tout le monde ne raisonne pas de façon aussi rapide et performante qu’eux. De même, exceller dans une forme d’intelligence n’empêche pas de faire preuve de graves lacunes dans d’autres formes d’intelligence.

Pour mieux comprendre le lien entre intelligence et leadership,

trois chercheurs, John Antonakis, Robert House et Dean Keith Simonton, ont demandé à 379 managers issus de divers pays et secteurs d’activité de passer un test pour mesurer leur QI. Ces niveaux de quotient intellectuel ont ensuite été comparés à l’évaluation faite de ces managers par leurs pairs et leurs collaborateurs. Les conclusions de leur étude ont été publiées récemment dans le Journal of Applied Psychology*.

Les trois chercheurs observent

qu’il existe une corrélation entre intelligence et qualité du management tant que l’intelligence ne dépasse pas un certain point. En l’occurrence, les managers qui ont un QI supérieur à la moyenne de la population (100) sont perçus comme de meilleurs managers que ceux qui ont un faible quotient intellectuel. Toutefois, quand leur QI dépasse 120, cette corrélation n’est plus vérifiée et tend même à s’inverser : les managers dont le quotient intellectuel est extrêmement élevé sont généralement perçus comme de mauvais managers par leurs pairs et leurs collaborateurs. Il est d’ailleurs possible qu’un décalage trop important entre le QI du manager et celui de ses subordonnées s’avère problématique.

Bref, les DRH devraient recruter des managers intelligents mais pas trop :

plus intelligents que la moyenne, mais pas surdoués. Ce qui milite pour l’utilisation de tests de QI lors du recrutement mais aussi en amont des promotions à des positions managériales.

* Antonakis, J., House, R. J., & Simonton, D. K. (2017). Can super smart leaders suffer from too much of a good thing ? The curvilinear effect of intelligence on perceived leadership behavior. Journal of Applied Psychology, 102 (7), 1003.

Auteur

  • Denis Monneuse