C’était une journée d’hiver ordinaire. Mélanie Seva, directrice du KFC de Valence (Drome), travaillait dans son restaurant. Quand une jeune femme, Manon, est venue lui présenter sa candidature. Son signe particulier : elle détient une reconnaissance en qualité de travailleur handicapé (RQTH). « On a échangé une vingtaine de minutes, sur le poste, ses appréhensions, et très vite j’ai proposé un essai pour voir si cela lui convenait. »

Manon a un handicap psychique, invisible, et elle était accompagnée d’un job coach, Patricia Reynaud. Un plus rendu possible parce qu’elle bénéficie de l’emploi accompagné, un dispositif mis en place par la loi Travail du 8 août 2016 et qui se généralise cette année. Le principe : assurer un suivi des salariés dotés d’une RQTH pour qu’ils trouvent un emploi en milieu ordinaire, et qu’ils s’y maintiennent. Ce soutien des job coachs s’adresse autant aux personnes handicapées qu’à leurs employeurs, depuis l’embauche jusqu’aux évolutions de carrière, demandes de formation… Le dispositif ne présente aucune limitation de durée, et il est porté par des personnes morales, comme l’association Messidor, qui intervient auprès de Manon et KFC.

« Manon manque de confiance en elle et elle panique très vite. Elle peut très rapidement angoisser, observe Mélanie Seva. Avec elle, il faut formuler des demandes précises, se montrer plus carré, ne pas donner une consigne à la cantonade par exemple mais la lui adresser individuellement. Ça prend 30 secondes de plus, et ça marche très bien ! »

Un des apports de l’emploi accompagné a été l’expression de ce besoin de Manon. Et la jeune femme demande parfois à sa coach, qu’elle peut solliciter à tout moment, d’intervenir auprès de l’employeur lorsqu’elle n’ose pas dire elle-même ce qui ne lui convient pas : « L’intervention d’un tiers s’avère parfois précieuse, se réjouit Mélanie Seva. Nous, employeurs, nous savons que nous avons quelqu’un avec qui nous pouvons trouver des solutions lorsqu’un problème se pose. »

Et ça marche ! Deux mois après son embauche, Manon a signé un CDI. Lorsqu’elle a pris la direction du restaurant en juin dernier, Mélanie Seva comptait déjà 2 personnes handicapées sur 30 salariés dans son effectif. En recrutant Manon, elle ne cherchait donc pas à remplir son obligation légale d’emploi de 6 % de personnes handicapées, déjà atteinte. « Sans ce dispositif, je n’aurais pas intégré d’autre personne handicapée. Trop de démarches à accomplir, et je ne sais où les trouver… C’est donc notre rencontre qui a permis l’arrivée de Manon, une jeune femme motivée, que j’entends déjà parfois demander ce qu’il faudrait faire pour évoluer au sein de la société, un jour… »