Comment les cadres du public peuvent-ils composer entre l’intérêt général et les logiques de performance qui gagnent la fonction publique ? Sur ce sujet sensible, ce livre d’enseignants offre un éclairage intéressant sur la transformation de la fonction publique et les enjeux pour les futurs cadres. Revenant sur les réformes de modernisation successives, les auteurs montrent très bien comment les méthodes RH issues du privé (droit à la formation, GPEC, évaluation individualisée) et les impératifs de performance se sont diffusés dans les trois fonctions publiques (État, hospitalière, territoriale) ou à la Sécurité sociale. Le livre entend donner des clés aux cadres pour aborder ce changement. Au-delà, c’est aussi une mine d’informations. On y apprend beaucoup, sur le chantier de l’open data à la Sécurité sociale notamment, qui, selon les auteurs, changera à terme le métier des agents « vers une culture client ». Les similitudes avec les problèmes des entreprises privées sont souvent frappantes : coupes budgétaires, managers déboussolés par le changement, manque de temps des cadres hospitaliers pris par le reporting (étude menée dans deux CHU, intéressante). Si les enseignants plaident pour davantage d’autonomie des agents et appellent une action des RH « pertinente et individualisée » pour gérer le changement, l’ouvrage donne un bon aperçu de l’immense complexité du chantier. Le point névralgique ? L’hybridation croissante des statuts entre fonctionnaires et contractuels, qui représentent une personne sur cinq dans la fonction publique. Un problème très bien étudié, qui pose la question de « la vision du service public » souhaitée par les politiques…