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« Les entreprises négligent encore trop souvent le capital immatériel »

Le point sur | publié le : 02.04.2018 | L. Z.

La socioanalyste Kathy Labarre, auteure de Libérez-vous du stress – Halte au burn-out, et dirigeante de l’organisme de formation Vecma, détaille les recours des DRH face au phénomène du burn-out.

Il semble que les entreprises soient davantage enclines à aborder la question du burn-out qu’il y a quelques années, est-ce la fin d’un tabou ?

Oui et non. Même si deux cas de burn-out sur trois, selon moi, ne sont pas identifiés, il est clair que leur recrudescence a accéléré une prise de conscience, le tout sur fond de mise en place de la RSE dans les entreprises et d’alertes lancées par l’OMS sur le sujet. Mais les entreprises négligent encore trop souvent le capital immatériel de manière générale. Et sur le burn-out en particulier, la prise de conscience est freinée par le fait que c’est un mal qui reste longtemps impalpable – avant que la victime ne s’effondre – et que de vieux clichés imposent encore l’idée que, surtout si l’on est manager, on est solide, on n’a pas le droit de fléchir. Ce dernier aspect est particulièrement vrai pour la France. Résultat, nombreux sont ceux, notamment les managers, qui se sentent particulièrement seuls face au burn-out, d’autant que les liens familiaux se sont souvent également distendus durant le processus.

Les entreprises vous sollicitent quand même pour des formations dans ce domaine…

En fait, on arrive au burn-out par des chemins détournés. La porte d’entrée, c’est le stress. Les managers souhaitent principalement de la formation à la gestion du stress, ou alors, la demande émane de la direction, car les managers n’ont pas forcément une conscience pleine de leur problème. Par ailleurs, les entreprises ont parfois une demande plus vaste de formation à la prévention des risques psychosociaux. Mais personne ne sollicite un formateur sur la prévention du burn-out en tant que tel…

Que proposez-vous dans vos séminaires ?

De comprendre, d’abord. Avant de pouvoir régler un problème, il faut avoir une meilleure connaissance de soi, des représentations qu’on a de soi, de ses conditionnements familiaux et sociétaux. Ensuite seulement on peut passer à des techniques « minute » de respiration abdominale, de relaxation dynamique, de concentration, pour mieux gérer son stress, récupérer, prendre un peu de distance et revisiter sa place dans l’organisation. Puis, on fait des allers et retours entre théorie et pratique. Côté pratique, ces techniques courtes permettent également d’avoir une vision renforcée de soi et d’optimiser les relations interpersonnelles. Et les résultats sont assez extraordinaires ! Des dirigeants moins stressés, par exemple, font des collaborateurs moins stressés. Cela dit, il n’y a pas de remède miracle, et le secret de la réussite tient avant tout à la répétition, à la discipline sur la durée. En outre, c’est cette pratique continue qui permet à l’individu de limiter la production de cortisol, responsable du niveau de stress que nous éprouvons et de la mise en place éventuelle d’un processus de burn-out.

Quels secteurs économiques consultent ?

Ils sont nombreux. En fait, tous les secteurs sont touchés. Je suis par exemple intervenue dans 50 casernes de pompiers, où stress et burn-out sont monnaie courante, dans des cliniques, pour le personnel soignant, dans des structures industrielles, ainsi qu’auprès de dirigeantes, dans un réseau de femmes cheffes d’entreprise, les femmes étant en général plus conscientes du danger du burn-out.

Auteur

  • L. Z.