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Le fait de la semaine

Olivier de Fontenay, associé fondateur chez Eres

Le fait de la semaine | publié le : 26.03.2018 | L. Z.

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Olivier de Fontenay, associé fondateur chez Eres

Crédit photo L. Z.

« L’important, pour les PME, c’est la stabilité des dispositifs »

L’épargne salariale et le partage du profit semblent prendre une nouvelle importance ces derniers temps, pourquoi ?

Eres en parle depuis des années et la notion n’est pas nouvelle ! Cela dit, c’est vrai qu’elle est revenue dans l’air du temps avec la présidence Macron, le tout dans un contexte de déstructuration de l’économie, à base notamment de travail indépendant. Dès lors se pose la question du partage de la valeur, lorsqu’elle est créée, entre salariés et autres types d’acteurs. Et pour partager le profit, tous les outils sont bons, que ce soit la participation et l’intéressement, la retraite via le Perco ou l’actionnariat salarial.

L’idée est désormais d’élargir la cible et d’inclure les PME de moins de 50 salariés. Quels sont les freins ?

Il existe déjà des PME, en général des grosses, c’est vrai, qui ont mis en place des outils d’épargne salariale. Mais c’est compliqué pour une petite structure qui doit trouver des experts pour l’aider et, surtout, faire face à une fiscalité qui n’a cessé de changer. Un exemple : les actions gratuites. Tous les deux ans, entre 2015 et 2017, la fiscalité a changé du tout au tout ! L’important, pour les PME, c’est qu’il y ait une stabilité des dispositifs. Par ailleurs, les efforts de pédagogie envers elles sont indispensables, par le biais des experts-comptables notamment, pour faire en sorte d’acclimater l’idée de l’épargne salariale ou de l’actionnariat salarié dans la tête des dirigeants d’entreprises. Car si ce sont bien, parmi les clients que nous accompagnons dans ce domaine, en général les patrons, parfois rompus à l’exercice dans une précédente entreprise, qui sont à l’origine d’une telle initiative, il n’en reste pas moins que nombre de petits patrons n’y pensent même pas. Tout cela leur paraît trop compliqué et donc inatteignable.

Vous travaillez beaucoup sur l’actionnariat salarié et la transmission, pourquoi ces choix ?

Nous ne négligeons pas pour autant les autres outils, mais nous pensons effectivement que l’actionnariat salarié a plusieurs avantages. D’abord, alors que l’intéressement et la participation sont souvent fondés sur des activités nationales, l’actionnariat salarié permet aux collaborateurs, s’il s’agit d’un groupe doté de filiales à l’étranger, d’avoir une connaissance plus fine de ce qui se fait hors des frontières, et une vision plus large de l’activité de la société. La vertu est aussi pédagogique, puisqu’il semble que les salariés actionnaires comprennent de mieux en mieux que la croissance commerciale d’une entreprise française vient et viendra en grande partie de l’étranger. De quoi faire évoluer la perception quant à la mondialisation…

Mais ce n’est pas le seul argument…

En effet, l’autre argument, c’est celui de la transmission des entreprises. Si aux États-Unis, l’actionnariat salarié atteint 30 %, contre 4 % en France, c’est essentiellement parce que c’est une réponse au problème de la transmission, la fiscalité permettant au cédant, le fondateur, par exemple, de payer peu ou pas d’impôts sur les plus-values des actions cédées aux salariés. Nous pensons d’ailleurs que la préparation de la transmission, un élément crucial pour l’activité économique, en particulier en France, où de nombreuses sociétés ferment, faute de repreneur, lorsque le dirigeant part en retraite, est un vecteur puissant dans le développement de l’actionnariat salarial et de l’épargne salariale en général.

Auteur

  • L. Z.