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L’enquête

Rémunération : À travail égal, le salaire reste inégal

L’enquête | publié le : 05.03.2018 | Hugo Lattard

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Rémunération : À travail égal, le salaire reste inégal

Crédit photo Hugo Lattard

Même si les écarts se réduisent, les femmes continuent d’être moins bien payées que les hommes.

La fiche de paie est une des injustices entre les sexes. En France comme ailleurs, les femmes restent moins payées que les hommes, même si les écarts tendent à se réduire. En 2015, selon les chiffres de l’Insee, le salaire mensuel net moyen d’une femme était de 1 986 euros, celui d’un homme de 2 438 euros, soit un écart de 18,5 %. À la fin d’une carrière de 43 ans, cette différence pèse tout de même la bagatelle de 233 232 euros !

Toujours selon l’Insee, les hommes cadres et chefs d’entreprise salariés touchaient en moyenne une rémunération de 4 451 euros nets par mois, contre 3 561 euros pour les femmes, soit un écart de 20 %. C’est d’ailleurs dans cette catégorie socioprofessionnelle que l’écart est maximal, tandis qu’il est de 8,5 % chez les employés, ou de 14 % pour les professions intermédiaires (voir le tableau).

Des métiers moins rémunérateurs

Les inégalités salariales entre les sexes sont d’abord le fait d’une non-mixité des métiers. Car les femmes sont cantonnées dans quelques familles d’emploi, la moitié d’entre elles étant concentrées dans 12 familles professionnelles sur 87. Contre 20 familles professionnelles pour la moitié des hommes. Et il s’agit de métiers moins rémunérateurs. Ainsi, les femmes sont 99 % des assistant(e)s maternelles, 97 % des aides à domicile et aides ménagères, 98 % des secrétaires ou encore 90 % des aides soignant(e)s, détaille la Dares. Comme elles occupent 74 % des postes de vendeurs, et 71 % de ceux d’agents d’entretien.

Les métiers échappant à une répartition sexuée des emplois, autrement dit, à peu de chose près paritaires, sont ceux des professionnels du droit, des cadres des services administratifs, les métiers comptables et financiers, ou encore les médecins. Même si la ségrégation professionnelle tend à diminuer, avec l’ensemble des métiers ou presque qui s’ouvrent de plus en plus à l’autre sexe au fil des ans.

L’impact du temps partiel

Autre facteur déterminant, les femmes travaillent moins souvent à temps plein. Elles occupent même 82 % des emplois à temps partiel. Un chiffre à mettre en regard avec un autre. Celui du temps de travail domestique qu’elles occupent : 75 %, selon l’Insee. Même si, là encore, les choses évoluent vers davantage d’égalité, à la maison, les femmes continuent de mettre très majoritairement la main à la pâte. Cela produit des arbitrages entre vie personnelle et vie professionnelle en défaveur de cette dernière, tout particulièrement avec l’arrivée d’un enfant, a fortiori de plusieurs, qui interrompt la carrière des femmes sans équivalent chez les hommes. Cela pèse immanquablement sur la rémunération.

Tout comme le plafond de verre, qui barre l’accès des femmes aux postes à responsabilité, mieux rémunérés. Pour illustration, la Dares ne comptait en 2013 dans les grandes entreprises que 26 % de femmes parmi les cadres d’état-major administratifs, financiers ou commerciaux. Plus cruel encore, les femmes sont moins payées à poste parfaitement équivalent. En 2016, Glassdoor, le site internet spécialisé sur les salaires, s’était appliqué à faire cette pondération. Pour identifier l’écart salarial uniquement imputable à la différence entre les sexes, une fois neutralisés les autres facteurs, comme l’âge, le nombre d’années d’expérience, le niveau d’études, la localisation, l’intitulé de poste ou l’employeur. En France, Glassdoor a estimé cet écart à 6,3 %. Ce qui signifie que, toutes choses égales par ailleurs, quand un homme gagne 100 euros, une femme en gagne 93,7. Est-ce dû « à un parti-pris des entreprises, qu’il soit intentionnel ou non ? À des négociations salariales systématiquement moins fructueuses pour les femmes que pour les hommes ? », interrogeait Glassdoor. La quête de l’égalité professionnelle, du moins la recherche d’un accord sur ce plan, est pourtant une obligation faite aux entreprises d’au moins 50 salariés en France. La rémunération figure bien sur parmi les domaines à prendre en compte. Les employeurs sont tenus pour cela d’établir un diagnostic des écarts entre les sexes dans l’entreprise.

Auteur

  • Hugo Lattard