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Compétences : L’IT recherche candidates désespérément

L’enquête | publié le : 05.03.2018 | Gilmar Sequeira Martins

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Compétences : L’IT recherche candidates désespérément

Crédit photo Gilmar Sequeira Martins

Où sont les femmes ? L’industrie des technologies de l’information (IT) subit une pénurie sévère due au peu d’attrait qu’exercent les filières scientifiques sur les jeunes filles. Elle doit donc redoubler d’ingéniosité pour attirer les rares candidates, très courtisées par d’autres secteurs plus visibles. Mission difficile mais pas impossible.

Le taux de femmes dans les technologies de l’information ? La réponse de Godefroy de Bentzmann, président du Syntec Numérique, dont les 2 000 entreprises adhérentes emploient 460 000 salariés, tombe comme un couperet : « C’est dramatique. Le taux actuel est de 14 ,5 % et il a tendance à stagner. » Plusieurs facteurs ont été identifiés. D’abord la faible visibilité des métiers de l’IT, bien inférieure à celle d’autres secteurs comme la banque ou l’énergie, qui captent une grande part des ingénieurs. À cela s’ajoute une perception erronée des débouchés, comme le démontrait une enquête de l’Opiiec (Observatoire prospectif de la branche) menée en 2016. « Moins de la moitié des bacheliers pensait qu’il y avait des perspectives d’embauche dans notre secteur », se souvient Godefroy de Bentzmann. Pour couronner le tout, l’image de l’informaticien reste « très technique » et n’inspire guère les jeunes filles.

Un gage d’efficacité

Équilibrer la proportion d’hommes et de femmes dans les équipes présente pourtant des avantages, témoigne Didier Lichtensteger, DRH opérationnel d’Ausy, un groupe de conseil et ingénierie en technologie : « Nos clients industriels estiment que c’est un gage d’efficacité. Ils sont demandeurs de consultantes dans leurs équipes. Leurs périodes d’inter-contrat sont deux fois plus courtes que celles de leurs collègues masculins. » Les femmes ne représentent cependant que 18 % des 3 300 consultants d’Ausy en France.

Certaines entreprises tirent très bien leur épingle du jeu. Workday, un spécialiste d’applications RH en mode cloud : « Aujourd’hui, 49 % des directeurs produits sont des femmes ainsi que 28 % des cadres et 38 % des managers », affirme Sabine Hagège, directrice produit. Le résultat d’une politique à plusieurs facettes menée à l’échelle mondiale. « Aux États-Unis, Workday accorde des congés maternité plus longs que la moyenne et les femmes sont assurées de réellement retrouver leur poste, sans être mises en situation de concurrence, explique Sabine Hagège. Il y a aussi une politique d’encouragement qui permet à beaucoup de collaboratrices de participer à des cercles de femmes. » Workday a aussi mis en place des horaires flexibles et des « salles de confidentialité » qui peuvent être utilisées pour prier ou pour tirer du lait dans le cas des jeunes mères.

Comment inverser la tendance ? Le Syntec numérique a créé le trophée Excellencia qui permet chaque année à dix jeunes filles de poursuivre des études scientifiques. Pour faire découvrir les métiers et les carrières du secteur, il organise aussi Day Click, une manifestation qui a attiré 6 000 visiteurs lors de sa deuxième édition en 2017. En partenariat avec le Cigref a été lancée l’action Femmes du numérique, qui permet à des jeunes filles de rencontrer des femmes du secteur. « Nous présentons des personnes qui travaillent autour de la data plutôt que des profils d’ingénieurs classiques, précise Godefroy de Bentzmann. Les organisations évoluent vers un fonctionnement plus participatif et plus transversal. Cela permet de montrer un environnement plus attractif mais la pénurie va encore durer un moment. Nous espérons que nos efforts commenceront à porter leurs fruits d’ici deux ou trois ans. »

Femmes dans la recherche : la France en 95e position

Qui a le plus de femmes parmi ses chercheurs ? En 2014, selon les chiffres de l’Unesco, la France pointait à la 95e position du classement, entre le Kenya et la Tanzanie, avec un taux de 25 %. Parmi les pays industrialisés, seuls les Pays-Bas (24,1 %), le Luxembourg (21,2 %) et le Japon (14 %) faisaient moins bien. Une situation encore très répandue puisqu’il n’y avait que 14 pays sur 127 où la majorité des chercheurs étaient des femmes et un cinquième où la parité était au rendez-vous. Dans la moitié des cas, elles constituent moins de 30 % des effectifs.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins