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Le fait de la semaine

Pionnier français : La Camif ouvre la voie aux entreprises à mission

Le fait de la semaine | publié le : 19.02.2018 | Nathalie Tran

La société niortaise est l’une des premières entreprises à avoir étendu son objet social pour y inscrire un enjeu de responsabilité sociale. Une démarche qui s’est structurée en plusieurs temps.

Réinventer l’ancienne coopérative d’achat des instituteurs, en faisant rimer croissance avec responsabilité sociale et environnementale, c’est le parti pris d’Émery Jacquillat, son repreneur et président. Le 17 novembre dernier, le spécialiste de l’équipement de la maison sur Internet revisitait ses statuts afin d’étendre son objet social. « Proposer des produits et services pour la maison, conçus au bénéfice de l’Homme et de la planète. Mobiliser notre écosystème (consommateurs, collaborateurs, fournisseurs, actionnaires, acteurs du territoire), collaborer et agir pour inventer de nouveaux modèles de consommation, de production et d’organisation », telle est la définition de la mission qui engage désormais les actions de ses dirigeants. Cette réécriture, élaborée avec les parties prenantes elles-mêmes, fait de la société niortaise l’une des premières entreprises à mission françaises.

Redonner du sens à l’entreprise

La démarche résulte d’un travail de longue haleine, initié en 2009 par Émery Jacquillat après le rachat de la Camif. Son credo : miser sur la qualité made in France, la consommation locale et l’ensemble des enjeux de développement durable. Un levier d’engagement pour les collaborateurs, les clients et les fournisseurs. Plus de 70 % du chiffre d’affaires de la société est ainsi réalisé avec 150 fabricants français. « Je suis convaincu qu’une grande marque qui a des valeurs ne meurt jamais. Depuis 2013, nous avons retrouvé un modèle rentable, malgré une concurrence forte », se félicite-t-il. Rien n’était pourtant joué d’avance car il a fallu regagner la confiance des parties prenantes, après la chute de la Camif. « Le sens est au cœur du succès de la relance de l’entreprise », souligne Emery Jacquillat.

Une gouvernance associée à la mission

Choisir de devenir une entreprise à mission a permis de structurer les démarches déjà engagées en matière de RSE. Dès 2015, le distributeur avait rejoint le mouvement des 2 427 entreprises labellisées BCorp dans le monde, parmi lesquelles on compte aujourd’hui plus d’une dizaine de sociétés françaises, afin de mesurer son impact social. Cette certification internationale évalue, non seulement la prise en compte des intérêts des parties prenantes dans le modèle de l’entreprise, mais permet aussi de se benchmarker. « Cette démarche nous a permis de progresser. La Camif se situe parmi le top 10 % des meilleures BCorp », souligne son président.

La dernière pierre portée à l’édifice de ce nouveau modèle d’entreprise a été la création d’une gouvernance spécifique, dont le rôle est d’assurer le respect des orientations stratégiques liées à la mission, et qui permet de pérenniser la démarche de l’entreprise, au-delà d’un changement d’actionnaire ou de dirigeant. La Cellule’OSE (pour « objet social étendu ») est le nom donné à cette institution qui rassemble des représentants des parties prenantes et des administrateurs externes. « À la Camif, nous sommes convaincus que ce nouveau modèle d’entreprise à mission, plus durable, plus local, plus inclusif et circulaire, est le changement dont le capitalisme a besoin », assure Émery Jacquillat.

DanoneWave, plus grande entreprise à bénéfice public au monde

C’est sous l’égide d’une Public Benefit Corporation (PBC), que Danone a choisi d’abriter ses activités américaines, après l’acquisition de WhiteWave, le leader des yaourts bio outre-Atlantique. La nouvelle filiale, DanoneWave, qui compte plus de 6 000 salariés, devient, ainsi, la plus importante société à bénéfice public au monde. L’occasion, pour le géant de l’agroalimentaire, d’institutionnaliser son double projet économique et social et d’inscrire, dans les statuts, son engagement en faveur d’une « alimentation plus saine et plus durable ». Un modèle qui séduit de plus en plus d’entreprises majeures aux États-Unis. Parmi celles-ci : le numéro un des plateformes de financement participatif, Kickstarter, ou le géant de l’enseignement supérieur, Laureate Education, devenu en février 2017 la première PBC cotée en bourse.

Auteur

  • Nathalie Tran