La Mairie de Paris a fait, du reclassement de ses agents, une priorité. « Nous en avons trois cents par an qui doivent changer de métier, devenus inaptes pour des raisons de santé. Jusqu’à présent, étaient privilégiées les fonctions administratives. Pourtant, aujourd’hui, seuls 70 % à 80 % d’entre eux peuvent en profiter », regrette Léonore Belghiti, déléguée à la reconversion à la direction des ressources humaines. Un casse-tête qui a poussé la municipalité à penser ses recrutements de façon différente.

Inspirée par l’une des solutions mises en place par la SNCF, la direction des ressources humaines a créé, en mai 2017, l’“Agence de soutien”. Le principe : les agents attendant une reconversion sont envoyés dans les différentes directions de la ville lorsque celles-ci ont un pic d’activité et qu’elles manquent de moyens pour pouvoir y faire face. « De cette façon, ces renforts profitent d’une formation et testent ainsi des activités susceptibles de leur plaire », explique Assina Charrier, la responsable de l’“Agence”. Des missions ponctuelles qui vont de quinze jours à six mois, l’accompagnement s’étalant, lui, de 18 à 24 mois. Les agents les plus touchés sont ceux qui travaillent dans les secteurs de la petite enfance, de la propreté et de la surveillance, davantage exposés au facteur pénibilité et souffrant notamment de troubles musculo-squelettiques. « Le but est de leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences et d’intégrer un poste pérenne en fonction de ce qu’ils auront expérimenté », précise Assina Charrier. Selon les besoins des services, une lettre de mission précise les tâches à réaliser. « Je reste leur supérieur hiérarchique pendant leur mission. À la fin de celle-ci, ils sont évalués en lien avec le service concerné », poursuit-elle.

L’“Agence” a été une chance pour Sandra Leyton, 36 ans. Cette jeune femme, qui travaillait dans une crèche, a dû s’arrêter pour des problèmes aux vertèbres cervicales. « J’ai végété chez moi pendant un an dans l’attente d’un reclassement. J’avais perdu espoir jusqu’à ce que le service des ressources humaines me parle des missions », se souvient-elle. Depuis octobre 2017, elle a tenu, par exemple, les bureaux de vote des différents projets dans le cadre du budget participatif et elle a aussi aidé à la liquidation des factures aux fournisseurs. « J’ai surtout compris que je n’étais pas faite pour rester derrière un ordinateur. J’ai besoin de polyvalence et de contact humain », précise-t-elle.

Anturya Souffou, 42 ans, a intégré l’“Agence” en octobre 2017. Auparavant, elle était employée, elle aussi, dans une crèche, poste qu’elle a dû abandonner à cause de fréquentes douleurs au dos et à l’épaule. Elle est ainsi restée deux mois à la réception et à la validation des dossiers du bureau des formations. Mais c’est dans l’action sociale qu’elle a trouvé son bonheur. « Si tout va bien, je devrais intégrer un poste vacant ! », s’enthousiasme-t-elle.

Au bout d’un an, chaque agent est amené à travailler sur son projet professionnel avec l’un des quatorze conseillers en mobilité. L’objectif étant de le stabiliser sur un poste au sein de la Mairie qui coïncide aussi bien aux aspirations des “missionnaires” qu’aux besoins des services.

À ce jour, seize agents sont en mission. « Nous en aurons une trentaine à la fin de l’année », précise Assina Charrier. Et Anturya Souffou de rajouter : « Je veux dire que c’est grâce à Madame Charrier et aux missions de l’“Agence” que j’ai retrouvé confiance en mes capacités ! »