« L’allongement du congé de paternité et d’accueil de l’enfant de 14 jours est un avantage supplémentaire pour les salariés d’Ikea France. Il n’y a pas beaucoup d’entreprises en France qui proposent cinq semaines de congé de paternité, rémunérées à 100 % », déclare Jean-Paul Salgado Barbosa, délégué syndical CFDT au sein du géant suédois. Le syndicaliste explique que, l’an dernier, son syndicat avait remis à la direction une feuille de route qui listait ses revendications. Parmi elles figurait l’égalité salariale. Il poursuit : « L’augmentation de ce congé fait partie de l’égalité salariale. Au même titre que la formation, l’embauche et la rémunération. Au final, l’accord signé récemment comprenait une vingtaine de pages. » Pour Jean-Paul Salgado Barbosa, les postes de travail aux caisses des magasins ne doivent pas être réservés aux femmes ni ceux qui ont trait à la logistique, aux hommes. Idem pour l’engagement auprès du nouveau-né : le père, comme la mère, doit avoir la possibilité de s’en occuper.

Majda Vincent, DRH d’Ikea France complète : « À travers cette mesure, c’est le bien-être de nos salariés qui est en jeu. Une étude révèle que plus les pères s’engagent avec leurs enfants, plus ils modifient et améliorent leurs relations avec les autres. Cette avancée s’inscrit dans notre stratégie RH pour améliorer le quotidien de nos salariés. Cela n’est ni une mesure pour redorer la marque employeur ni une façon de fidéliser nos salariés. » En outre, le géant du meuble se targue de proposer cet allongement à tous, quelle que soit la configuration familiale dans laquelle ils vivent. La DRH insiste sur ce point pour mettre en lumière la culture suédoise qui « repose sur la diversité et l’inclusion ». Elle conclut : « Le premier papa qui va en bénéficier est dans mon équipe. Et j’en suis fière. »

Au mois de novembre 2017, Aviva France a renforcé son engagement en matière de diversité et d’égalité professionnelle avec la mise en place d’un congé de parentalité unique de dix semaines pour le parent conjoint. Le groupe Aviva devient ainsi la première entreprise au monde à proposer un congé de parentalité aussi long sur la zone géographique qui couvre cinq de ses filiales : la France, le Royaume-Uni, le Canada, Singapour et l’Irlande. « En instaurant ce congé, nous avons souhaité promouvoir l’égalité professionnelle en supprimant les barrières inconscientes qui peuvent se manifester au moment d’une embauche ou d’une promotion et qui peuvent discriminer les femmes, qui pourraient s’absenter en raison d’un congé maternité », commente Anne-Sophie Curet, Chief People Officer d’Aviva France.

Plus pragmatiques, les dirigeants de MasterCard qui offre désormais huit semaines de congé paternité, avec 100 % du salaire garanti, à tous ses employés à travers le monde, espèrent attirer de nouveaux profils tout en fidélisant le personnel actuel. « L’engagement des collaborateurs et la qualité du travail en seront positivement impactés », estime Bart Willaert, directeur général de Mastercard France, dans un communiqué. Qu’importe l’argument pourvu qu’on ait la mesure…

D’une durée de onze jours calendaires, le congé de paternité est inscrit dans le Code du travail. Il est accordé au père légal, après la naissance, en plus des trois jours légaux de congé de naissance. Le 22 janvier, le gouvernement a commandé un rapport sur le congé paternité à l’inspection générale des affaires sociales, qui devra notamment étudier « les possibilités d’allongement ». « L’idée est d’avoir un meilleur partage des tâches parentales » a déclaré la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, qui refuse néanmoins qu’il soit aussi long que le congé maternité (six semaines avant l’accouchement et dix semaines après).