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Équilibre des temps : Déjà un salarié sur quatre en télétravail. beaucoup plus demain

L’actualité | publié le : 29.01.2018 | Xavier Biseul

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Équilibre des temps : Déjà un salarié sur quatre en télétravail. beaucoup plus demain

Crédit photo Xavier Biseul

Nouveau droit du salarié, le télétravail est appelé à se généraliser. Engagement accru des collaborateurs d’un côté, meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle de l’autre, le travail à distance répond à un grand nombre des aspirations du moment. Une étude de Malakoff Médéric fait le point.

C’est l’une des dispositions méconnues des ordonnances Macron. Elle devrait pourtant avoir un impact majeur sur la vie des entreprises. Depuis la promulgation du texte fin septembre, le télétravail est devenu un droit pour le salarié. Il peut être pratiqué de façon ponctuelle, sans passer par un avenant à son contrat de travail. La logique est inversée et l’employé ne dépend plus de la bonne volonté de l’employeur pour initier le télétravail. Si ce dernier s’y oppose, il doit le justifier par des impératifs liés au fonctionnement de son entreprise.

Au-delà de cet assouplissement du cadre légal, le télétravail est appelé à se développer pour des raisons à la fois économiques, organisationnelles, sociétales et écologiques. Il concerne déjà un quart des salariés selon une étude de Malakoff Médéric conduite en novembre dernier par Ifop auprès de plus de 1 500 salariés et 400 dirigeants d’entreprises d’au moins dix salariés. À cette date, avant les fameuses ordonnances Macron, 19 % des salariés travaillaient à distance de façon informelle et non contractualisée.

Les salariés qui ont sauté le pas se disent à 90 % satisfaits ou très satisfaits. La réduction voire la suppression du temps de trajet, la liberté d’aménager ses horaires, la plus grande efficacité au travail et la meilleure conciliation des temps de vie constituent les principaux leviers de motivation. En autres bénéfices, ils avancent des gains sur le plan de la santé – meilleure qualité de sommeil, pratique régulière d’un sport – et du budget avec des économies réalisées sur les trajets, les repas, la garde d’enfant.

Les dirigeants placent aussi l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle en tête de leurs critères, devant l’évolution des modes de management et la politique de fidélisation des collaborateurs. Alors que le télétravail est souvent instauré dans le cadre d’un déménagement ou de la mise en place du « flex office », l’argument de la réduction de coûts permise par la diminution nombre de mètres carrés arrive bon dernier (3 %).

L’entreprise espère du télétravail un engagement accru de ses salariés, une valorisation de sa marque employeur et – à moindre échelle – une baisse de l’absentéisme.

La durée idéale : deux jours par semaine

Côté freins, la perte du lien social et les difficultés à maintenir étanche les sphères privée et professionnelle sont les principaux facteurs évoqués. Les soucis informatiques, le risque de ralentir son évolution de carrière ou l’absence d’espace dédié à la maison (c’est le cas de 52 % des télétravailleurs) viennent ensuite. Les cadres, eux, mettent en avant les journées de travail à rallonge et la difficulté de manager leurs collaborateurs à distance. C’est d’autant plus vrai que leur équipe est petite. En tenant compte de ces contraintes, le nombre idéal de jours télétravaillés est estimé à deux jours par semaine.

Paradoxalement, les jeunes de la génération Y, en quête d’autonomie et de flexibilité, sont les plus circonspects à l’égard du télétravail. En phase d’intégration, ils redoutent de se retrouver isolés. Aussi privilégient-ils, non pas leur domicile, d’ailleurs a priori pas adapté, mais les espaces de coworking et les bureaux satellites mis à disposition par leur entreprise.

Pour renforcer le collectif, Anne-Sophie Godon, directrice innovation et veille chez Malakoff Médéric, note un retour des événements de convivialité et de « team bulding ». Selon elle, le télétravail impose également de nouvelles pratiques managériales. « L’entreprise doit s’assurer que le salarié dispose de cette capacité d’autonomie. Cela suppose un minimum d’ancienneté dans le poste. » Le télétravail peut être aussi facteur d’inclusion pour les personnes en situation de fragilité, souffrant d’un handicap ou d’une maladie chronique, ou les salariés aidants au service d’un proche dépendant.

Appelé à se généraliser

Le positif l’emportant sur le négatif, le télétravail est appelé à se généraliser. Selon la même étude, 56 % des salariés qui ne télétravaillent pas encore aimeraient en bénéficier. Le profil du candidat idéal est une candidate, francilienne, trentenaire, cadre dans la bancassurance. Le secteur des services se prête bien sûr davantage au télétravail que le BTP ou l’hôtellerie-restauration. Il faut, en revanche, lever les a priori sur les postes jugés non éligibles. Malakoff Médéric pensait que ses assistantes ne pouvaient télétravailler, l’expérimentation a montré le contraire.

Certaines entreprises se montrent particulièrement actives sur ce terrain de la mobilité. Chez Axa France, 27 % des salariés télétravaillent, un chiffre multiplié par deux en un an. Parmi les pionniers, on peut citer encore Michelin, Orange, Microsoft ou Accenture. Ils ont initié le télétravail il y a plus dix ans alors qu’il n’était encore qu’un épiphénomène.

Auteur

  • Xavier Biseul