Cette année s’annonce comme exceptionnelle pour l’emploi cadre. Sur les plus de 3 600 candidats interrogés en septembre dernier par le cabinet de recrutement Robert Walters, 81 % se déclarent confiants dans les opportunités qu’offre leur secteur. wAvec le retour d’une conjoncture économique favorable, neuf cadres français sur dix se disent même prêts à bouger ou tout du moins à étudier des propositions de changement. Le volume de recrutements incite d’ailleurs à aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, le nombre d’offres d’emploi cadre ayant progressé de 8 % entre 2016 et 2017. Le chômage cadre reste, lui, sous la barre des 4 %.

La pénurie de compétences sur certains profils crée même une envolée des salaires. 28 % des cadres s’attendent à une augmentation de plus de 7 % sur leur bulletin de paie cette année. Une hausse qui peut être perçue, d’après Antoine Morgaut, PDG Europe de Robert Walters et président de Syntec conseil en recrutement, comme « « une « prime de rattrapage » venant compenser des salaires plus bas sur les années précédentes ».

Selon lui, il faut remonter à dix ans pour retrouver un tel climat de confiance. Et si toute l’Europe continentale est gagnée par l’optimisme, notre pays tire particulièrement son épingle du jeu avec notamment l’alternative politique et les retombées positives du Brexit sur l’industrie financière. « La France regagne en prestige et le pourcentage de cadres qui souhaitent s’expatrier baisse. Ils sentent qu’ils sont au bon endroit, que c’est ici que cela se passe. »

Si toutes les fonctions profiteront de l’embellie, ce sont dans les métiers du conseil que les augmentations devraient être les plus élevées (+ 17 % en moyenne) en 2018. La transformation numérique tire vers le haut la demande en experts en big data ou en machine learning. Les profils liés à la gestion des risques et à la conformité sont également en vue. Ils profitent du renforcement du cadre réglementaire, avec notamment l’entrée en vigueur en mai prochain du règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD). Dans ce secteur du conseil, « chaque candidat manager a au moins cinq offres », s’enthousiasme Antoine Morgaut.

La distribution vient ensuite (+ 11 %). Face à l’essor de l’e-commerce, les enseignes multiplient les projets pour « digitaliser » les points de vente et optimiser le parcours client. Un directeur commercial d’un réseau national de 12 ans d’expérience pourrait voir sa rémunération augmenter de 16 %.

La finance connaît une tendance favorable comparable (+ 10 %). Les spécialistes des normes comptables, de la consolidation ou de la trésorerie sont toujours très demandés. Là aussi, la transformation numérique offre des ponts d’or aux candidats agiles maîtrisant les nouvelles technologies. L’innovation (objets connectés, robotique…) favorise également les profils experts dans l’ingénierie et la gestion logistique (+ 8 %).

Parmi les fonctions supports, l’informatique ne progresse « que » de 7 % sachant qu’elle part de haut, cumulant les hausses de salaire d’année en année. Le fameux data scientist mais aussi les postes de direction – RSSI, DSI – sont particulièrement bien positionnés. Enfin, La DRH et le juridique ferment le banc (+ 6 %). La première recherche des spécialistes en talent acquisition et en nouvelles technologies (big data, SIRH). La seconde des responsables conformité de type data protection officer (DPO).

Dans cette guerre des talents qui s’annonce en 2018, Robert Walters conseille aux entreprises de travailler sur leur attractivité et pas seulement sur le volet rémunération. Le salaire n’arrive que cinquième dans les leviers de motivation avancés par les cadres expérimentés derrière l’intérêt du poste ou l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Les jeunes actifs de la génération Y plébiscitent, eux, l’ambiance et l’environnement de travail.