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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 11.12.2017 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Un café, c’est bon pour la mémoire

La machine à café représente un objet ambivalent aux yeux de bien des DRH et managers. D’un côté, elle a le mérite de réunir des salariés qui, sans elle, n’auraient peut-être jamais d’autres occasions de se croiser. La machine à café participe ainsi à créer du lien social, à agrémenter les pauses nécessaires au bien-être au travail et à échanger des informations personnelles ou professionnelles de manière informelle. D’un autre côté, elle symbolise la prolifération des rumeurs et autres ragots ou bien le lieu de rassemblement des tire-au-flanc qui multiplient les temps de pause en restant des heures autour de la machine à café au lieu de travailler.

Ce qui est sûr,

c’est que la machine à café représente une institution dont on aurait du mal à se passer sur le lieu de travail. Elle a au moins le mérite de maintenir un minimum éveillé des salariés en manque de sommeil ou bien dont l’ennui au travail pourrait sinon les conduire tout droit dans les bras de Morphée. Si la machine à café du bureau tombe en panne, cela peut donc devenir un drame.

Une équipe de recherche

dirigée par Matthew Palmer, de l’université de Tasmanie, en Australie, s’est demandé quelles conséquences pouvaient avoir une envie irrésistible de café non satisfaite*. Pour cela, ils ont mené une expérience avec 55 buveurs réguliers de café répartis en deux groupes. Dans le premier, il avait été demandé aux participants de ne boire aucun café de la journée et, pour accentuer leur état de manque, on leur mettait une tasse de café sous le nez qu’ils n’avaient pas le droit de boire. Entre parenthèses : la différence est parfois ténue entre le monde de la recherche et le sadisme ! Dans le second, les participants avaient été autorisés à boire du café normalement.

Des exercices identiques

étaient donnés aux participants des deux groupes pour tester leur mémoire. Comme attendu, ceux qui étaient en manque de café ont fait preuve d’une performance inférieure aux autres à tous les exercices. Il est possible que les capacités cognitives des participants étaient trop occupées à penser au café qui leur manquait pour pouvoir être pleinement mobilisées sur la résolution d’exercices de mémoire. Ne pas prendre son café habituel rend moins attentif et concentré.

Par ailleurs,

les participants privés de café eurent tendance à se montrer trop confiants en leurs capacités, ne se doutant pas que leur état de manque aurait un impact négatif sur leur performance. En effet, ils devaient pronostiquer leur réussite aux exercices de mémoire et ceux du premier groupe surestimèrent davantage leur réussite que ceux du groupe de contrôle pour qui le café n’avait pas été banni.

En guise de conclusion,

j’aurais tendance à conseiller aux DRH et managers en pleine chasse aux coûts d’épargner la machine à café et de prévoir systématiquement une cafetière pleine au début de chaque réunion afin de satisfaire les besoins des buveurs de caféine. S’il suffit d’une tasse de café pour doper sa mémoire ou du moins ne pas être trop étourdi, autant ne pas s’en priver ! ?

* Palmer, M. A., Sauer, J. D., Ling, A., & Riza, J. (2017). Caffeine cravings impair memory and metacognition. Memory, 1-10.

Auteur

  • Denis Monneuse