Même si les chiffres de la participation à ces diverses manifestations, de l’impact qu’aura eu cette Semaine sur les recrutements ne sont pas encore définitivement établis, la place qu’aura occupée la problématique de l’emploi des personnes handicapées dans les médias et les conversations a, cette année, fortement progressé. Les maîtres d’œuvre de cette manifestation européenne (LADAPT, Agefiph et le FIPHFP) ont réussi à véritablement faire sortir le débat sur l’emploi des handicapés du strict terrain de l’entreprise et de la réglementation.

Le catalogue des manifestations de l’édition 2017 est impressionnant. Dès le lundi matin à l’aube, le quotidien 20 minutes diffusait dans toutes les gares un supplément emploi spécial handicap. Dans l’après-midi, Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées, débattait avec des jeunes diplômés. À Paris et dans les régions, les rencontres se sont multipliées, donnant vraiment l’impression d’une mobilisation pour une grande cause. Ainsi, pour ne prendre que quelques exemples, à Agneaux, dans la Manche, professionnels et jeunes de LADAPT Manche-IEM ont été au contact de plus de 150 clients d’un centre commercial, trouvant l’occasion de sensibiliser au handicap, par le jeu avec la Handi’Mallette ou par la parole avec les micros-trottoirs. À Paris, des centaines de recruteurs étaient réunies au Forum Emploi & Handicap, avec plusieurs Villages « PME/TPE », « Formation/Insertion », « Étudiants ». Dix salariés et bénévoles de LADAPT Normandie ont été accueillis par l’équipe de Carrefour Supply Chain pour la présentation de leur politique handicap et de leur tutorat auprès des personnes en situation de handicap et des perspectives d’insertion sur les postes de préparateur de commande. À Bourges, le Handicafé a permis de dépasser les barrières pour l’emploi des personnes handicapées. Au total, 266 personnes en situation de handicap ont pu rencontrer 32 entreprises (plus de 60 recruteurs). Journaux télévisés et quotidiens ont largement retracé les manifestations et les débats.

Le succès public de la Semaine n’a cependant pas réussi à faire oublier les chiffres. Si, en trente ans, le nombre de personnes handicapées en emploi a dépassé le million en France, avec un taux de 3,5 % dans le privé et 5,5 % dans le secteur public, si seulement 7 % des entreprises n’emploient aucun salarié handicapé, le taux de chômage de cette catégorie atteint 19 %, soit près du double de celui de la population valide. De plus, le taux d’employés handicapés augmentant, les ressources versées aux fonds d’insertion ont « mécaniquement » baissé.

Ces chiffres ont conduit le gouvernement à décider de lancer un grand plan de rénovation des dispositifs particuliers de l’emploi, vraisemblablement au cours du premier semestre 2018. Mais, la teneur des mesures envisagées relèvera plus de « l’incitation, en mettant en lumière les bonnes pratiques, que d’un renforcement de la coercition », comme l’a affirmé Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées. Le plan devrait surtout permettre une grande simplification administrative en supprimant certaines barrières (pour ne pas dire lourdeurs) administratives, en aidant les chefs d’entreprise à embaucher et en valorisant le job-coach. Cette technique d’accompagnement consiste à ce qu’une tierce personne prépare la prise de poste avec le chef d’entreprise et accompagne le salarié handicapé pour qu’il se maintienne dans son emploi.

L’autre levier que compte utiliser le gouvernement relève de la formation des personnes souffrant d’un handicap. Il s’agit d’abord de développer l’apprentissage pour ce public. Le gouvernement veut également améliorer l’accès des handicapés à l’enseignement supérieur, estimant que les diplômes sont le meilleur rempart contre le chômage. De nombreux ministères sont concernés par ce projet qui vise, in fine, à éviter que les 500 000 chômeurs handicapés soient deux fois moins qualifiés que les chômeurs valides.